La saison des asperges est la terreur des laboratoires d’analyses. Les asperges contiennent un acide, très justement appelé asparagusique, qui se décompose lors de la digestion en plusieurs substances : du méthanethiol, du sulfure de diméthyle et du dimethyl sulfone. En clair, on aurait pu résumer en disant que cela ressemble au soufre ; donc à l’œuf pourri ! Pour vous donner une idée de la puissance du phénomène, ces substances sont mille fois plus concentrées que dans l’urine normale. Autre idée forte : on les retrouve dans les urines du putois, qui n’a pas bonne réputation « olfactive » auprès des humains.
L’addition se paie très vite dans les heures qui suivent la consommation, puisque dès que commence la digestion, ces substances passent dans le sang, les reins et se retrouvent concentrées dans les urines.
Injustice génétique
Expliquée cette odeur désagréable, surgit un autre mystère. Lorsque la conversation arrive sur le sujet, vous constaterez que la division laisse deux groupes, de taille quasi identique : ceux qui sentent et ceux qui ne sentent pas !
Scientifiquement, le chiffre est d’un peu plus de 40% de gens touchés par le phénomène. Deux hypothèses non vérifiées : la première est que certaines personnes ne sentent pas cette odeur ; l’autre est que l’acide ne passe pas dans les urines. Où va-t-il alors ? Pas dans la respiration, parce que ce serait pire. Quelle que soit l’explication, c’est une affaire de génétique…
Un excellent aliment
Passé cet inconvénient qui n’a jamais vraiment empêché les amateurs de se gaver, l’asperge n’a que des vertus.
En particulier, des études très sérieuses ont montré qu’elle participait à la protection contre les maladies cardiovasculaires. Sans doute avec sa capacité d’aider l’élimination à travers les urines (on y revient). Peut-être aussi parce qu’elle contient ces fameux antioxydants, qui empêchent notre corps de rouiller et que l’on recommande dans la prévention de nombreuses maladies chroniques.
Parce qu’elles contiennent des folates, on les conseille aussi aux femmes enceintes ou qui allaitent (apparemment pas d’évacuation à travers le lait… ou les bébés ne se plaignent pas !) parce que ce sont des vitamines essentielles à cette période de la vie.
Vertes, violette ou blanches ?
Il y a peu de différence de qualité nutritionnelle, avec peut-être un peu moins de qualité pour les blanches. Les nutritionnistes qui font ce classement préconisent aussi de ne pas les peler pour leur éviter de perdre des éléments essentiels. C’est un avis qui montre le fossé parfois entre les nutritionnistes et les gastronomes.
Un bémol d’un point de vue diététique : préférez la vinaigrette ; les sauces mousseline mayonnaise ou à la crème rendent l’aliment mauvais pour la ligne.
Docteur Jean-François Lemoine
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