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Ibuprofène, paracétamol

La prise d'ibuprofène et de paracétamol pendant la grossesse peut affecter la fertilité future du bébé

Par Charlotte Arce

Une récente étude de l’Université d’Édimbourg, en Écosse, révèle que la prise d’antidouleurs courants comme le paracétamol et l’ibuprofène pendant la grossesse pourrait altérer la santé reproductive du fœtus. 

fizkes/iStock
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Quand on est enceinte, mieux vaut limiter au maximum sa prise de médicaments, même ceux qui sont a priori autorisés pendant la grossesse, comme le paracétamol.

C’est ce que révèle une nouvelle étude menée par l’Université d’Édimbourg, en Écosse, et publiée dans la revue Environmental Health Perspectives. Selon eux, les antidouleurs courants que sont le paracétamol et l’ibuprofène ne sont pas sans danger quand on est enceinte, sur la santé reproductive de son futur enfant : ils peuvent affecter sa fertilité mais aussi celle de ses descendants en laissant des traces sur son ADN.

Des effets sur la fertilité du bébé

Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques ont étudié les effets du paracétamol et de l’ibuprofène sur des échantillons de testicules et d’ovaires fœtaux. Mis en culture, ces tissus humains ont été exposés à l’un ou l’autre médicament pendant une semaine. Le constat est alarmant : les ovaires exposés au paracétamol présentaient 40% de cellules germinales (c’est-à-dire productrices d’ovules) en moins. Les ovaires exposés à l’ibuprofène ont vu le nombre de leurs cellules germinales divisé de moitié.

Les effets des deux antidouleurs sont aussi nettement visibles chez les garçons. Le tissu testiculaire mis en culture contenait environ un quart moins de cellules productrices de spermatozoïdes après exposition au paracétamol ou à l'ibuprofène.

L’équipe de chercheurs a aussi mené son expérience sur des souris qui ont reçu une greffe de tissu testiculaire humain. Là encore, ils dressent le même constat : après seulement une journée de traitement avec une dose humaine équivalente de paracétamol, le nombre de cellules productrices de spermatozoïdes dans le tissu greffé avait chuté de 17 %. Après une semaine de traitement médicamenteux, il y avait presque un tiers de cellules en moins.

Pas d’ibuprofène après le 2e trimestre

Selon les chercheurs, cette exposition au paracétamol ou à l’ibuprofène pendant la grossesse peut non seulement affecter la fertilité de l’enfant à naître, mais aussi celle des générations futures. Ils ont en effet découvert que ces deux antidouleurs sont capables de modifier la structure de l’ADN des cellules, appelée marques épigénétiques.

Ce n’est pas la première fois que des chercheurs se penchent sur le lien entre prise d’antidouleurs pendant la grossesse et altération de la fertilité. Une étude antérieure menée sur des rats avait montré que l'administration de paracétamol pendant la grossesse entraînait une réduction des cellules germinales chez la progéniture femelle. Cela a affecté leur fertilité et la fertilité des femelles des générations suivantes.

D’autres études, dont une publiée en mars 2017 par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont également pointé les conséquences de la prise d’ibuprofène pendant la grossesse sur le développement de l’appareil reproducteur masculin.

Pour le Dr Rod Mitchell, qui a dirigé la recherche au MRC Centre for Reproductive Health de l'Université d'Édimbourg, il faut encourager les femmes "à bien réfléchir avant de prendre des antalgiques pendant la grossesse et de suivre les directives existantes - en prenant la dose la plus faible possible pendant le plus court laps de temps possible". Cela vaut surtout pour le paracétamol. L’ibuprofène, lui, est fortement déconseillé au 3ème trimestre en raison des risques cardiaques et pulmonaires du bébé.