Il faut suspendre l’utilisation des fongicides dans l’agriculture tant qu’une estimation des dangers n’aura pas été réalisée par des organismes indépendants des industriels. Tel est le message de huit chercheurs signataires d’une tribune dans le quotidien Libération.
Les SDHI, pour inhibiteurs de la succinate déshydrogénase, sont des fongicides largement utilisés dans l’agriculture française et potentiellement responsables de certaines pathologies chez l’homme.
Une action sur la respiration des cellules
L’usage des SDHI est colossal : on les retrouve sur 70% des surfaces de blé tendre, 80% des surfaces d’orge d’hiver mais également pour traiter certaines semences, notamment celles des fruits, comme les raisins et les agrumes. Ces fongicides éliminent les champignons et moisissures en bloquant leur respiration, par l’annulation de l’action de la succinate déshydrogénase. Or chez l’homme, la succinate déshydrogénase a un rôle aussi important.
Certaines mutations de la succinate déshydrogénase sont responsables de maladies humaines. Parmi les exemples de maladies liées aux modifications de la succinate déshydrogénase étudiées par les chercheurs, on trouve les encéphalopathies sévères chez les jeunes enfants, les tumeurs du système nerveux au niveau de la tête, du cou, ou des zones thoraciques, pelviennes ou abdominales, mais aussi des cancers du rein ou du système digestif.
Une modification de l’ADN
Les scientifiques ont constaté que lorsque la succinate déshydrogénase est bloquée, une molécule s’accumule : le succinate. A long terme, cette accumulation peut modifier la structure de l’ADN et créer des anomalies épigénétiques. Le dérèglement de milliers de gènes peut être ainsi responsable de cancers et autre tumeurs.
Des études indépendantes nécessaires
Les SDHI sont présents dans notre alimentation car les substances, une fois pulvérisées sur les céréales ou fruits se retrouvent ensuite dans nos assiettes. Comment être certain que l’ingestion de ces produits n’a aucun impact sur l’organisme ? Pour les chercheurs, il est nécessaire de réaliser des études indépendantes sur ces produits et qu'elles soient menées par des organismes aucunement liés aux industriels du secteur.
D’autres pesticides ayant un impact sur la respiration cellulaire ont été progressivement abandonnés car jugés trop dangereux pour l'homme. Pour info, les SDHI sont apparus sur le marché, en guise de solution alternative, en 2009.