Au congrès de l’American Association for Cancer Research (AACR), l’immunothérapie révèle sont potentiel à transformer radicalement le traitement du cancer du poumon non à petites cellules. Les études ont été publiées dans le New England Journal of Medicine.
C’est tout d’abord la confirmation dans les cancers métastasés de taux élevés de réponse, de près de 70%, obtenus par l’immunothérapie en association avec une chimiothérapie (versus 50% avec la chimiothérapie seule). D’autres études on montré que ces réponses sont étonnamment prolongées. Une association d’immunothérapies marche également chez les tumeurs du poumon où le nombre de mutations est très élevé ("charge mutationnelle"), tumeurs qui sont habituellement très résistantes au traitement.
Surtout, l'administration de nivolumab, une immunothérapie anti-PD-1 administrée avant la chirurgie ("immunothérapie adjuvante") permet d’en améliorer, à la fois, la réalisation et l’efficacité, chez les malades atteints d'un cancer du poumon à un stade accessible à la chirurgie.
Une étude d’immunothérapie néoadjuvante
Depuis plusieurs années, les cancérologues utilisent les chimiothérapies avant la chirurgie afin de réduire la taille de la tumeur, d’en facilité l’exérèse, mais la chirurgie doit être suivie d’une autre chimiothérapie pour éviter les métastases, ce qui en augmente la toxicité.
Les cancérologues se sont donc posés la question de l’intérêt de "l’immunothérapie néoadjuvante" (avant chirurgie). Les chercheurs ont administré deux doses de nivolumab (3 mg/kg de nivolumab par voie intraveineuse toutes les deux semaines) avant la chirurgie chez 20 malades souffrant d’un cancer du poumon accessible à la chirurgie. Ils avaient 18 ans au moins et avaient un cancer du poumon non à petites cellules de stade I, II ou IIIA jugé opérable. Un malade a eu une chirurgie sans complication après seulement une dose.
Une tumeur complètement retirée
Vingt malades ont pu avoir une résection chirurgicale complète de leur tumeur après avoir reçu l’immunothérapie néoadjuvante. Après chirurgie, 16 des 20 malades sont vivants et sans récidive. Une réponse immunologique majeure est observée dans 45% des tumeurs enlevées et ce traitement n’a jamais retardé ou gêné la chirurgie.
De plus, l’examen immunologique des tumeurs retirées révèle que des clones de lymphocytes T spécifiques de l’antigène du cancer ont été stimulés par l’immunothérapie et sont présents dans le sang et la tumeur, mais qu’ils disparaissent après enlèvement de la tumeur.
Trois malades ont eu une rechute de leur cancer du poumon dont 2 ont eu un traitement supplémentaire et n'ont pas eu de nouvelle récidive. Un patient est décédé d'un cancer métastatique récidivant environ 16 mois après la résection chirurgicale.
Une meilleure compréhension de l’immunologie de la tumeur
"Nous voulions examiner la tumeur et le système immunitaire des malades avant le traitement et les examiner à nouveau après le traitement pour analyser les changements", a déclaré Patrick Forde, premier auteur et spécialiste du cancer du poumon au Johns Hopskins Bloomberg-Kimmel, Washington DC. "Nous avons observé une régression tumorale chez près de la moitié de ces malades souffrant d'un cancer du poumon à un stade précoce et nous ne nous attendions pas à voir une telle réponse majeure avec seulement deux doses (de nivolumab)".
Forde déclare également que le nombre de mutations génétiques dans la tumeur (charge mutationnelle) est étroitement lié à la réponse au traitement et constite un nouveau marqueur prédictif de l’évolution du cancer. Une observation à confirmer dans de prochaines études. Les tumeurs retirées en chirurgie étaient presque totalement envahies par les lymphocytes T et les chercheurs ont pu démontrer en utilisant un nouveau test le développement de lymphocytes T spécifiques aux tumeurs dans le sang après traitement.
Un changement complet de stratégie de traitement
Dans les études antérieures, environ 50 pour cent des malades souffrant d’un cancer du poumon non à petites cellules rechutent après chirurgie. La chimiothérapie permettrait de gagner environ 5% de survie de l’avis des experts, mais elle est responsable d’une toxicité certaine.
Les résultats de cette étude montrent qu’un traitement anti-PD-1 avant chirurgie pourrait améliorer la réponse immunitaire des lymphocytes T vis-à-vis des cellules cancéreuses, éliminant potentiellement les cancers micro-métastatiques qui pourraient être à l’origine d’une rechute après chirurgie. Ceci pourrait réellement changer la donne de l’avis des spécialistes du cancer du poumon.
D’autres essais cliniques de plus grande taille sont en cours pour valider l’intérêt de l’immunothérapie anti-PD-1 avant chirurgie et, au vu de ces résultats spectaculaires, cela va probablement changer la pratique. Des études sont déjà prévues pour examiner l’intérêt des immunothérapies combinées et des immunothérapies plus prolongées avant chirurgie pour la réduction des récidives et le traitement des cancers au stade précoce.