Les beaux jours reviennent et avec eux : les rhinites allergiques (rhumes des foins), crises d’asthme et autres difficultés respiratoires. Entre 20 et 40% des Français souffrent d'allergies polliniques. Depuis plusieurs jours, la moitié de la France est en alerte rouge, essentiellement menacée par les pollens de bouleau au nord et de platane au sud.
Partout en France, le risque d’allergie est également au niveau élevé pour les pollens de frêne. Les pollens de charme pourraient eux aussi atteindre ce niveau dans quelques jours. Dans le Sud-ouest, le risque est moyen concernant les pollens de graminées, même s'ils sont toujours présents. La hausse des températures annoncée dès ce mardi, aura pour effet de renforcer la pollinisation. Alors comment se protéger efficacement ? Quels gestes adopter pour limiter les effets néfastes d'une allergie au pollen ?
Comment se protéger efficacement ?
Si vous êtes allergique, quelques précautions peuvent vous aider. Le tout est de limiter les contacts avec l'extérieur lorsque le risque est élevé : évitez les balades en forêt ou dans les champs. Si vous roulez en voiture, gardez les fenêtres fermées.
Le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) recommande également de "se rincer les cheveux le soir (sinon les pollens se déposent sur la taie d'oreiller et entretiennent l'irritation, ndlr), de favoriser l’ouverture des fenêtres avant le lever et après le coucher du soleil (les pollens sont plus présents la journée, ndlr), d'éviter de faire sécher le linge à l’extérieur, de bien suivre son traitement et de consulter son médecin en cas de symptômes...". Changez vous régulièrement si vous le pouvez, les pollens ont tendance à rester accrochés aux vêtements.
Comment confirmer un diagnostic ?
Des tests d’allergie sont nécessaires pour confirmer un diagnostic d’allergie respiratoire. Ces tests sont généralement effectués sur la peau (tests cutanés ou Prick-tests) mais peuvent également être réalisés sous forme de tests sérologiques (sanguins = dosage des IgE spécifiques). Dans certaines situations, particulièrement celles où les tests cutanés montrent plusieurs positivités, on pourra avoir recours à des tests en allergie moléculaire pour confirmer une allergie au pollen de bouleau (famille de protéines végétales de stress appelée PR-10).
Les différents traitements
L’éviction systématique de l’allergène n’est pas toujours possible, mais les traitements disponibles sont efficaces et en général sans danger, s’ils sont bien utilisés. Il est recommandé de les prendre systématiquement, tous les jours, dès le début des signes et pendant toute la durée de la floraison incriminée. Dans certains cas, il est possible de les prendre même un peu avant, ce qui évite de laisser l'allergie s'installer.
Les antihistaminiques oraux sont les médicaments de première intention contre la rhinite allergique. Les antihistaminiques les plus anciens ont un effet sédatif potentiellement dangereux lors de la conduite automobile ou dans certains métiers. Les antihistaminiques de deuxième génération n’ont eux, pas d’effet sédatif et sont désormais recommandés en première intention aux personnes qui doivent prendre ce type de médicaments : desloratadine, fexofénadine, loratadine, cétirizine... Il ne faut pas hésiter à en essayer plusieurs afin de trouver la molécule qui convient le mieux à chaque personne : il existe en effet une forte susceptibilité individuelle.
Les corticoïdes topiques par voie nasale constituent le traitement recommandé en première intention en cas de rhinite modérée ou grave (budésonide, fluticasone, mométasone…). Ils sont recommandés comme traitement de deuxième ligne chez les patients souffrant d’une rhinite allergique légère. Leur utilisation régulière peut même réparer les effets de l’inflammation. Les corticoïdes par voie nasale ont peu d’effets indésirables, mais ils peuvent cependant entraîner une irritation ou des saignements du nez chez 10 à 20 % des personnes.
Les corticoïdes topiques par voie nasale sont supérieurs aux antihistaminiques oraux pour le traitement de la rhinite allergique. Ils offrent un avantage particulièrement important par rapport aux antihistaminiques chez les personnes atteintes de rhinite allergique apériodique qui souffrent de congestion nasale modérée ou grave. Dans ce cas, ils doivent constituer le traitement principal. Il est possible d’associer les corticoïdes topiques avec les antihistaminiques. Sous forme de collyre, les corticoïdes topiques sont efficaces lors du traitement de l’allergie de l’œil ("conjonctivite").
Les antileucotriènes peuvent être utilisés en prévention de la rhinite, essentiellement chez les personnes asthmatiques avec une polypose naso-sinusienne. Les corticoïdes par voie orale sont déconseillés en raison des effets secondaires qui surviennent aux doses où ils sont efficaces. Il faut également éviter les sprays nasaux décongestionnant à base de phényléphrine qui font courir un risque d’accidents vasculaires.
Peut-on guérir d'une allergie ?
Une question subsiste : peut-on guérir d'une allergie ? Pour changer le cours de la maladie allergique, il est possible recourir à l’immunothérapie spécifique, ou "désensibilisation" : cette technique permet d’induire une tolérance à un ou plusieurs allergènes. Les progrès de ces dernières années ont renforcé l’efficacité de ces traitements avec une meilleure purification des allergènes et l’administration de certains par voie sublinguale. Les injections sous cutanées ont lieu une fois par semaine pendant 3 mois, puis une fois par mois pendant 3 ans.
L’immunothérapie par voie sous-cutanée permet de contrôler les signes d’allergies chez plus de deux-tiers des personnes avec rhinite allergique et prévient le développement d’un d’asthme bronchique et d’élargir le spectre des allergies à d’autres allergène au fil du temps. La désensibilisation marche d’autant mieux qu’elle est initiée tôt après le développement des signes. En cas de récidive après désensibilisation, si la première immunothérapie a été efficace, il est possible de la refaire.
Une alternative intéressante est l’immunothérapie sublinguale qui doit être débutée au moins quelques mois avant la saison pollinique : elle est intéressante non seulement pour le traitement des symptômes de l’allergie au bouleau mais également pour changer le cours de la maladie allergique.