Certaines maladies du sang sévères sont liées à des déficiences de certains gènes, sur les chromosomes, et les malades n’ont pas d’autre option que des transfusions de sang répétées, avec de possibles intolérances sur le long terme, ou des greffes de moelle de donneurs apparentés.
Il en est ainsi de certaines thalassémies dont la bêta-thalassémie où il existe une déficience du gène à l'origine de la sécrétion de la β-globin (βA-T87Q), une protéine essentielle pour la composition de l'hémoglobine. Une nouvelle étude parue dans le New England Journal of Medicine montre que le gène déficient e la β-globin peut être remplacé par une greffe d'un nouveau gène dans les cellules souches de la moelle.
Un succès de la greffe génétique
Dans une étude menée sur 13 malades, une greffe génétique, en se servant d'un vecteur viral de type lentivirus, arrive à remplacer le gène déficient dans les cellules souches de la moelle : cela permet de sécréter suffisamment de globules rouges pour pouvoir arrêter toutes les transfusions chez 12 des 13 malades.
Les taux d’hémoglobine synthétisée par ce nouveau gène s’étagent de 3,4 à 10,0 grammes par décilitres et les taux d’hémoglobine totale s’étagent de 8,2 à 13,7 grammes par décilitres, soit des taux normaux ou proches de la normale.
Le lentivirus est plus fiable et sûr que le rétrovirus
La technique de remplacement du gène déficient via le "lentivirus transducteur" confirme son efficacité dans cette maladie : il s’agit d’une technique de greffe ("transfection") d'un gène sur l'ADN des cellules souche de la moelle qui utilise un lentivirus plutôt qu’un rétrovirus.
Ce virus sert juste de transfecteur des cellules souches du malade et n’est pas transmissible. Il est seulement chargé de véhiculer un gène fonctionnel dans la thalassémie, mais aussi dans d'autres maladies, et n'expose à aucun risque.
Une transfection robuste et durable
Les cellules souches avec le gène déficient sont prélevées chez le malade. Elles sont ensuite "transfectées" par le lentivirus, c'est-à-dire le gène fonctionnel est intégré dans leur matériel génétique, leurs chromosomes, puis ces cellules sont réinjectées chez le malade.
Le processus est bien maîtrisé. Il ne déclenche pas de réaction particulière et aucune prolifération clonale anormale n’a été observée, de même qu’aucun gène qui pourrait provoquer un cancer..
La thérapie génique marche aussi dans l'hémophilie
Dans une étude sur l’hémophilie A chez l’adulte cette fois, une perfusion unique d’un traitement génétique expérimental permet d’obtenir des niveaux très améliorés du Facteur VIII, la protéine de la coagulation du sang, qui n’est plus fabriquée dans l’hémophilie A, du fait de l’altération du gène. Onze adultes sur 13 ont obtenu des niveaux normaux ou presque normaux de Facteur VIII et ceci jusqu'à 19 mois de suivi.
Il s'agit du premier essai de thérapie génique réussi dans l’hémophilie A. Bien que plusieurs thérapies géniques se soient révélées efficaces dans l'hémophilie B, une forme plus rare, la thérapie génique pour l'hémophilie A est considérée comme plus difficile car elle est associée à un gène beaucoup plus gros et complexe.
Contrairement aux multiples perfusions intraveineuses par semaine du traitement habituel, cette thérapie génique semble avoir des effets durables avec une seule perfusion.