Les scientifiques ont longtemps pensé que l’arthrose, chez les personnes obèses, était une conséquence de l’usure excessive des articulations. Une nouvelle étude américaine suggère qu’en réalité, le coupable serait notre microbiote intestinal. C’est à dire l’ensemble des bactéries qui peuplent l’intestin.
Un régime trop riche en graisses modifieraient ces microbes et causeraient une inflammation, responsable alors de la détérioration des articulations. Les résultats de cette étude sont publiés dans JCI Insight.
Régime gras et bactéries nocives
Les chercheurs ont travaillé sur des souris et les ont nourries avec un régime riche en graisses, semblable à un régime "occidental" fait de cheeseburgers et de milkshakes. Au bout de douze semaines, les souris étaient obèses et diabétiques. De plus, leurs colon était envahi par des bactéries inflammatoires.
Ce changement de bactérie a coïncidé avec des inflammations dans tout le corps, y compris aux genoux. Les chercheurs ont ensuite introduit sur ces souris une arthrose par une déchirure méniscale (une blessure liée au sport, connue pour provoquer de l’arthrose).
Chez les souris obèses, l’arthrose a progressé beaucoup plus rapidement que chez les souris maigres. Elles ont aussi perdu la quasi-totalité de leur cartilage, qui sert de joint entre les os pour éviter qu’ils s’abiment.
L’oligofructose bénéfique pour le cartilage
Les chercheurs ont fait une seconde découverte. En complétant le régime des souris obèses par un prébiotique commun à l’homme, l’oligofructose (un glucide qui se retrouve dans beaucoup de plantes, comme la chicorée), le cartilage du genou ne bougeait pas.
L’oligofructose ne peut pas être digérée par l’être humain mais ce type de prébiotique permet aux bactéries bénéfiques de se multiplier, afin d’éliminer les nocives. L’oligofructose a même rendu les souris obèses moins diabétiques. En revanche leur poids n’a pas baissé.
En bref, les souris obèses portaient le même poids sur leurs os et leurs articulations, mais grâce à l’oligofructose, leur cartilage était protégé.
Le microbiote, à l’origine des conséquences de l’obésité ?
"Cela renforce l'idée que l'arthrose est une autre complication secondaire de l’obésité, tout comme le diabète, les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, qui ont tous une inflammation dans leur cause, explique Robert Mooney, l’un des auteurs de l’étude. Ils partagent peut-être tous une racine commune, et le microbiote pourrait être cette racine commune."
D’autres études doivent suivre pour mieux établir le lien entre le microbiote et l’état de santé des articulations.