Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) a ordonné une nouvelle expertise médicale pour "déterminer le tableau clinique" de Vincent Lambert. Cette décision fait suite à celle du CHU de Reims qui s'est récemment prononcé en faveur d'un arrêt des traitements du patient tétraplégique de 41 ans maintenu en vie dans un état végétatif depuis 10 ans. Les juges estiment en effet cette étape "nécessaire" avant de se prononcer "définitivement" sur l'arrêt des traitements décidé par le centre hospitalier.
Le lancement d'une nouvelle expertise médicale est une bonne nouvelle pour les parents de Vincent Lambert qui, contrairement à sa femme, ne souhaitent pas que les soins soient arrêtés. "Ce n'est pas une victoire définitive car tout dépendra de l'expertise mais c'est une première et grande victoire", a déclaré Me Jean Paillot, l'un des avocats des parents, saluant néanmoins "une mesure de prudence" de la justice et "un désaveu" du Dr Sanchez. Ce dernier avait à l'issu d'une quatrième procédure collégiale lancée en septembre, conclu à une "obstination déraisonnable" et décidé d’arrêter l’alimentation artificielle, ainsi que de diminuer l’hydratation du patient.
Une "victoire" pour les parents de Vincent Lambert
Selon ses parents, Vincent Lambert serait désormais capable d'émettre des sons, de déglutir et de communiquer. Le couple a présenté deux vidéos tournées à l'hôpital en 2015 et avril 2018 aux juges en attestant. Sa santé "a évolué favorablement : on ne peut plus dire qu'il est en état végétatif comme le collège d'experts devant le Conseil d'Etat l'avait prétendu" en 2014, a expliqué Me Jean Paillot. En somme, les parents du patient, catholiques et fermement opposés à une fin de vie orchestrée, considèrent que leur fils est "handicapé", mais capable de faire des progrès grâce à la rééducation.
Qu'est-ce que l'arrêt des traitements ?
Comment se déroule cette étape ? Il existe un protocole très précis, mais difficile pour un médecin de parler d’acte médical, même s’il le faudrait. Cependant, il ne s’agit pas d’euthanasie active, celle-ci étant interdite dans notre pays. Il existe dans le cas de Vincent Lambert, un protocole de "fin de vie", qui consiste à arrêter l’alimentation et l’hydratation du patient, et à prescrire des médicaments anesthésiques.
Aussi terrible que cela puisse paraître, cela peut se traduire par le fait de "laisser le patient mourir de soif et de faim". Mais deux facteurs importants sont à prendre en considération : le cerveau ne fonctionne plus que de façon automatique, sans conscience et les médicaments anesthésiques employés ne laisse aucune place à la souffrance morale ou physique. Il faut savoir que l’on utilise aujourd’hui des produits un million de fois plus puissants que la morphine.
Euthanasie active et euthanasie passive
Pourquoi les médecins n’utilisent pas les médicaments réputés mortels qu’ils connaissent parfaitement ? Tout simplement parce que la loi est très stricte. Mettre délibérément et rapidement fin à une vie pour faire cesser une souffrance s'appelle "l’euthanasie active" et est assimilée en France, à un homicide. En revanche, arrêter un traitement ou administrer de fortes doses de médicaments contre la douleur, dans l’intention de soulager, même au risque d’écourter la vie, s'appelle "l’euthanasie passive". La nuance est importante.