Infusées dans l’eau pour en faire une simple tisane, les feuilles sèches d’Artemisia annua et d’Artemisia afra seraient plus efficaces que le traitement pharmacologique actuel contre le paludisme (l’ACT Artesunate-Amodiaquine). Les décoctions de feuilles et tiges fonctionneraient aussi, selon un réseau international de scientifiques et de médecins (africains, américains et européens) liés à l’association française et philanthropique La Maison de l’artemisia.
Un taux d’élimination parasitaire de 99,5 %
"Il y a eu beaucoup de travaux scientifiques sur l’artemisia en feuilles sèches avant nous, explique à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le paludisme le docteur Jérôme Munyangi, médecin et chercheur à la faculté de médecine de Kolwesi en RDC, avant de préciser au journal Le Monde : Il y a eu des petits essais cliniques dans divers pays africains, et on a voulu faire une grande étude pour prouver son efficacité. Nous avons respecté les normes, rédigé un protocole clinique en double aveugle selon les critères de l’OMS sur les recherches des plantes médicinales."
L’étude en question a été menée en 2015 sur 1 000 patients en République démocratique du Congo (RDC). Elle aurait démontré que l’Artemisia annua ou sa cousine afra prises sous forme de tisane ont eu un taux d’élimination parasitaire de 99,5 %, alors que l’ACT Artesunate-Amodiaquine a pour sa part atteint 79,5 %. Actuellement soumis à publication, les résultats n’ont pas encore pu être évalués par les spécialistes de la maladie.
Alternative thérapeutique
L’Artemisia annua sert aujourd’hui de base aux traitements pharmacologiques antipaludéens. Si le principe actif de cette plante est considéré comme étant le traitement le plus efficace contre le paludisme, il peine à contenir la maladie sur le continent africain, faute d’accès aux soins. La consommer sous forme de tisane prend alors tout son sens.
"Notre réseau présente la plante comme une alternative thérapeutique, c’est l’un des moyens qui peuvent être utilisés pour lutter contre le paludisme. Cela ne veut pas dire remplacer les ACT, ni tout l’arsenal thérapeutique, ni les politiques de stratégies de distribution de moustiquaires. Non ! Nous disons juste que l’artemisia a sa place dans cette lutte", temporise le docteur Jérôme Munyangi, de La Maison de l’artemisia.
Le paludisme est dû à la transmission d’un parasite, le Plasmodium falciparum, via des moustiques infectés. L’OMS rapporte 216 millions nouveaux cas dans le monde en 2016, soit 5 millions de plus que l’année précédente, et 445 000 décès. 90 % des cas sont survenus en Afrique, ainsi que 91 % des décès. Si la maladie a connu un net recul ces quinze dernières années, la lutte contre le paludisme reste un enjeu majeur de santé publique, notamment face à l’apparition de résistance aux insecticides et aux traitements.