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Plus forts que les athlètes

Pourquoi les enfants semblent-ils ne jamais être fatigués ?

Par Charlotte Arce

Une nouvelle étude s’est penchée sur une question que se posent bien des parents : pourquoi leurs enfants ne semblent-ils jamais fatigués ? D’après les chercheurs, les muscles des enfants auraient une plus grande résistance à la fatigue, ce qui leur permettrait de récupérer plus rapidement de leurs efforts.

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C’est une question que se posent régulièrement tous les parents d’enfants de moins de 10 ans : comment se fait-il que leurs bambins continuent de déborder d’énergie après s’être dépensés et avoir joué pendant des heures ?

Des scientifiques ont enfin la réponse. Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Frontiers in Physiology, ils démontrent que si les enfants semblent ne jamais être fatigués, c’est parce qu’ils récupèrent plus rapidement que des sportifs de haut niveau tels que des triathlètes de niveau national, des coureurs de fonds ou des cyclistes professionnels.

Des muscles plus résistants à la fatigue

Leur étude révèle notamment que les muscles des enfants présentent une plus grande résistance à la fatigue. Contrairement aux adultes, ils n’ont besoin que d’un court temps de récupération, ce qui leur permet donc de poursuivre leurs jeux et activités.

"Au cours de nombreuses tâches physiques qu’ils accomplissent, les enfants peuvent se fatiguer plus tôt que les adultes parce qu'ils ont une capacité cardiovasculaire limitée, ont tendance à adopter des schémas de mouvement moins efficaces et ont besoin de prendre plus de mesures pour parcourir une distance donnée", développent les coauteurs de l’étude Sébastien Ratel, professeur en physiologie de l’exercice à l’Université Clermont-Auvergne et Anthony Blazevich, professeur en biomécanique à l’Université Edith Cowan, en Australie.

"Nos recherches montrent que les enfants parviennent à surmonter certaines de ces limitations grâce au développement de muscles résistants à la fatigue et à une capacité de récupération très rapide après un exercice de haute intensité."

Une meilleure utilisation du métabolisme aérobie

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont comparé la production d’énergie et les taux de récupération après une épreuve de cyclisme de trois groupes différents : des garçons âgés de 8 à 12 ans, des adultes non entraînés et des athlètes d’endurance. La fréquence cardiaque, les niveaux d’oxygène et les taux d’élimination du lactate des participants ont été vérifiés après chaque cession de cyclisme afin de mesurer leur taux de récupération. Ils ont notamment observé à quelle vitesse les participants récupéraient en utilisant l'aérobie (c'est-à-dire en utilisant l'oxygène du sang) ou anaérobie (en n’utilisant pas d'oxygène, ce qui peut entraîner une fatigue musculaire). Les enfants ont surpassé les adultes dans tous les tests.

"Nous avons constaté que les enfants utilisaient davantage leur métabolisme aérobie et étaient donc moins fatigués pendant les activités physiques de haute intensité, analyse le Pr Sébastien Ratel. Ils se sont également rétablis très rapidement - même plus vite que les athlètes d'endurance bien entraînés - comme en témoigne leur récupération plus rapide du rythme cardiaque et leur capacité à éliminer le lactate sanguin. Cela peut expliquer pourquoi les enfants semblent avoir la capacité de jouer et de jouer encore, bien après que les adultes se soient fatigués."

Mieux prévenir le développement de maladies à l’âge adulte

Pour les auteurs de l’étude, les résultats qu’ils ont mis en lumière pourrait aider les parents à développer les capacités sportives de leur progéniture. "Beaucoup de parents s'interrogent sur la meilleure façon de développer le potentiel athlétique de leur enfant. Notre étude montre que l'endurance musculaire est souvent très bonne chez les enfants, il est donc préférable de se concentrer sur d'autres domaines tels que la technique sportive, la vitesse ou le muscle. Cela peut aider à optimiser l'entraînement physique chez les enfants, afin qu'ils fassent mieux et qu'ils profitent davantage du sport. "

Les résultats peuvent aussi permettre de mieux comprendre comment le corps humain passe de l'enfance à l'âge adulte et comment cette transition peut contribuer au développement de maladies telles que le diabète. "Avec la hausse des maladies liées à l'inactivité physique, il est utile de comprendre les changements physiologiques liés à la croissance qui pourraient contribuer au risque de maladie, explique le Pr Ratel. Notre étude indique que la forme aérobie, au moins au niveau musculaire, diminue significativement à mesure que les enfants passent à l'âge adulte - ce qui se produit au moment où les maladies, telles que le diabète, augmentent. Il serait intéressant dans les recherches futures de déterminer si les changements musculaires que nous avons observés sont directement liés au risque de maladie. Au moins, nos résultats pourraient motiver les parents à maintenir la condition physique de leurs enfants à mesure qu’ils grandissent."