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Aider la médecine

Comment les corps donnés à la science sont-ils utilisés pour former des étudiants en médecine ?

Par Antoine Costa

Souvent confondu avec le don d’organe, le legs de corps à la science est pourtant très différent. Focus sur une démarche inhabituelle mais très utile à la médecine.

La Leçon d'anatomie du docteur Tulp (1632), de Rembrandt
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Chaque année, ils sont environ 2500 à donner leur corps à la science. Une procédure bénévole, souvent confondue avec le don d’organe, et qui pourtant s’en distingue largement. Car le don de corps à la science reflète une philosophie très différente : le corps n’est jamais récupéré, et peut être utilisé librement à des fins d’enseignement et de recherche.

Le développement des mannequins anatomiques et des simulateurs 3D est en train de bouleverser l’enseignement de la médecine, mais le recours à des cadavres humains reste indispensable. Les utilisations sont diverses, des premières dissections en médecine à l’apprentissage des chirurgiens, en passant par la recherche anatomique ou le développement de nouvelles techniques opératoires.

Une démarche décentralisée

Il y a peu, l’université de Poitiers a ainsi développé un système consistant à revasculariser et ventiler des cadavres humains, pour permettre un meilleur apprentissage en chirurgie. Baptisé SimLife, il permet un meilleur réalisme anatomique que les mannequins : les tissus sont mous, les organes se déplacent avec la respiration, et les coups de bistouri provoquent de vrais saignements. Autant de paramètres fondamentaux dans une opération réelle.

En France, le legs de corps repose sur une démarche volontaire, à laquelle la famille ne peut s’opposer. Le futur donneur doit alors prendre contact avec la faculté de médecine de sa région – il existe 27 centres de don en France, gérés par les CHU – et lui faire parvenir une lettre manuscrite datée et signée. Il reçoit alors une carte de donateur, qui servira de preuve au moment du décès.

Selon les centres, il est parfois nécessaire de s’affranchir à l’avance de frais de transport et de prise en charge, qui peuvent atteindre plusieurs centaines d’euros.

Pas de récupération du corps

Dans les 48 heures qui suivent le décès, le corps doit être transporté au centre de don. Il faut ensuite l’objet d’une procédure de conservation, par congélation à 17 °C. Les cadavres sont rares et doivent être manipulés avec respect et dans l’anonymat des donateurs. Lors des dissections, les visages sont systématiquement recouverts d’un drap blanc.

Une fois employés, les corps sont incinérés. En règle générale, les cendres sont entreposées dans un emplacement dédié dans un cimetière. Certains centres de don, comme l’École de chirurgie de Paris, permettent aux familles de récupérer les cendres, mais il n’y a là rien de systématique. Si la démarche est strictement personnelle au plan légal, il est ainsi conseillé d’évoquer la question avec ses proches, afin de ne pas faire obstacle au travail de deuil.