Et si la curiosité d’un enfant était un facteur important de réussite scolaire ? C’est ce qu’avancent des chercheurs de l’hôpital CS Mott pour enfants de l’Université du Michigan dans une étude publiée dans la revue Pediatric Research.
Les chercheurs du C.S. Mott Children's Hospital et du Center for Human Growth and Development de l'Université du Michigan ont analysé les données de 6 200 maternelles appartenant à une étude longitudinale de la petite enfance appelée Birth Cohort. Parrainée par le ministère de l'Éducation des États-Unis, celle-ci a suivi des milliers d'enfants depuis leur naissance en 2001. La curiosité des enfants a été mesurée au moyen d’un questionnaire comportemental des parents lorsqu’ils avaient 9 mois et 2 ans, puis à nouveau quand ils sont entrés à l’école maternelle. Les résultats des enfants ont été évalués en lecture et en mathématiques en 2006 et 2007, lorsqu’ils étaient à l’école maternelle.
La curiosité comble les écarts socio-économiques
Jusqu’ici, il était établi que les enfants ayant des facilités à l’école grandissaient généralement auprès de parents ayant un haut revenu. En analysant les données récoltées, les chercheurs de l’Université du Michigan se sont aperçus que les enfants que l’on pourrait qualifier de curieux obtenaient, même lorsqu’ils venaient de familles au statut socio-économique inférieur, des résultats scolaires similaires à ceux d’enfants issus de familles aux revenus plus élevés.
"Nos résultats suggèrent que si une curiosité plus élevée est associée à de meilleurs résultats scolaires chez tous les enfants, l’association de la curiosité avec la réussite à l’école est plus grande chez les enfants de faible statut socio-économique", explique le Pr Prachi Shah, pédiatre spécialiste du développement et du comportement et principale auteure de l’étude. Selon elle, "la promotion de la curiosité chez les enfants, en particulier chez ceux provenant de milieux défavorisés sur le plan économique, peut être un moyen important et sous-estimé de combler l'écart de réussite scolaire".
Promouvoir la curiosité des enfants pour de meilleurs résultats scolaires
Les chercheurs ont également pris en compte un autre facteur important de réussite scolaire : le contrôle de l’effort, qui désigne la capacité à rester concentré en classe. Ils ont constaté qu’indépendamment de leurs compétences en lecture ou en mathématiques, les enfants identifiés comme curieux s’en sortaient bien dans ces matières et ce, même s’ils avaient une capacité d’attention faible.
"Ces résultats suggèrent que même si un enfant manifeste un faible contrôle de l'effort, il peut encore avoir des résultats scolaires optimaux s'il manifeste une grande curiosité", analyse le Pr Shah.
Cela démontre selon elle, la nécessité de stimuler la curiosité des enfants pour les aider à réussir à l’école. "Actuellement, la plupart des interventions en classe sont concentrées sur la culture du contrôle de l’effort précoce et les capacités d’autorégulation de l’enfant, mais nos résultats suggèrent qu’un autre message, axé sur l’importance de la curiosité, devrait également être envisagé", souligne-t-telle. "La promotion de la curiosité est un fondement de l'apprentissage précoce que nous devrions mettre davantage l'accent sur le rendement scolaire", en particulier pour les enfants en situation de pauvreté.
Toutefois, précise la chercheuse, "d’autres recherches sont nécessaires pour nous aider à mieux comprendre comment développer des interventions afin de cultiver la curiosité chez les jeunes enfants".