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Prévention

Moustique tigre : la santé de tous les Français en danger

Par Anaïs Col

Les femmelles peuvent pondre leurs oeufs dans n'importe quelle source d'eau stagnante. Le moustique tigre est un vecteur de nombreuses maladies potentiellement dangereuses comme le Zika, la dengue ou le Chikungunga.

frank600 /iStock

Pour se protéger du moustique tigre, Anna-Bella Failloux, entomologiste à l'Institut Pasteur, explique qu'il faut d’abord éliminer les gîtes larvaires en vidant la moindre source d’eau stagnante chez soi, comme les fonds de gouttières, les soucoupes de pot de fleurs et même une vieille chaussure oubliée dehors. Les femelles peuvent en effet venir y pondre leur œufs.

"Le moustique tigre est d’autant plus présent qu’il est pourvu d’une biologie qui lui permet de s’adapter aux températures froides. Même ses œufs sont dotés d’une enveloppe, une forme de coque qui les protège des températures basses. Ensuite, dès que les pluies printanières tombent, les œufs en sommeil pondus l’année précédente « se réveillent » et éclosent. Et les femelles pondent beaucoup : entre 50 et 100 œufs tous les trois à quatre jours. Des œufs qui sont résistants aux insecticides, ce qui participe à la prolifération des moustiques tigre", rajoute-t-elle, estimant que "c'est bien parti pour qu'il se retrouve partout en France".

42 départements sont placés en vigilance rouge

Au total, 42 départements sont placés en vigilance rouge et 20 en vigilance orange. Actuellement en France, les six départements de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, de même que la moitié sud de la France, sont placés en vigilance rouge moustique tigre. Les Hauts de Seine, l’Aisne, les Hautes Alpes, les Hautes Pyrénées, l’Ariège, la Lozère, l’Indre, le Maine-et-Loire et la Corrèze ont également été "colonisés", précise Vigilance-moustiques.

Vecteur de nombreuses maladies potentiellement dangereuses comme le Zika, la dengue ou le Chikungunga, la présence de moustiques tigres en France métropolitaine inquiète les autorités sanitaires. Le ministère de la Santé a annoncé le 30 avril la "surveillance renforcée" de l'insecte à la fois pour ralentir sa progression et "limiter le risque d’importation et de circulation des virus dont il peut être le vecteur en métropole".

L'Ile-de-france également concernée

L'Ile-de-france est également concernée par la colonisation de moustiques tigres. "En plus de Paris, 4 départements sont en vigilance orange : le Val d’Oise, la Seine et Marne, l’Essonne, la Seine-Saint-Denis, où le moustique tigre a été intercepté dans le courant des 5 dernières années", alerte Vigilance-moustiques, selon qui dans la très grande majorité des cas, les départements en orange passent en vigilance rouge au cours des années suivantes. "Ils nécessitent donc une vigilance citoyenne particulière, d’autant plus qu’ils ne bénéficient pas de l’ensemble du dispositif prévu par le plan anti-dissémination" prévu dans les départements placés en vigilance-rouge.

Si vous voyagez à l'étranger

En France, 11 cas autochtones (c’est-à-dire des cas de personnes piquées et contaminées en métropole) de dengue ont été signalés dans l’Hérault en 2014, 7 cas autochtones de dengue dans le Gard en 2015 et 17 cas autochtones de chikungunya dans le Var en 2017. Le risque est donc réèl. Notamment avec les échanges réguliers entre la métropole et l'île de la Réunion où sévit une épidémie de dengue. "Il existe un risque d’importation de ce virus qui pourrait être à l’origine d’un début de cycle de transmissions 'autochtones'". En effet, le moustique tigre s’infecte en piquant un voyageur malade, transporte le virus et le transmet secondairement à des personnes non-immunisées lors d’une prochaine piqûre. Ainsi, un cycle de transmission autochtone est généré et peut être à l’origine d’un ou plusieurs foyers épidémiques.  

Le moustique tigre est également présent en Colombie, au Brésil, en Martinique, en Honduras, en Guyane, en Guadeloupe, à Saint Martin, en République dominicaine, en Haïti, à la Barbade, à Porto Rico, aux Mexique, Guatemala, Panama, Venezuela, en Bolivie, en Equateur, en Nouvelle-Calédonie, au Sénégal, en Côte d'Ivoire ou encore au Burkina. Les autorités sanitaires recommandent aux personnes se rendant dans ces pays de se protéger contre les piqûres de moustique, y compris en journée, en utilisant des répulsifs pour la peau et les vêtements, et en portant des vêtements longs et amples. 

"Si une personne présente dans les 7 jours suivant son retour en métropole des signes évocateurs de la dengue (douleurs articulaires, douleurs musculaires, maux de tête, éruption cutanée avec ou sans fièvre, conjonctivite), elle doit consulter un médecin et continuer à se protéger contre les piqûres de moustiques, y compris en utilisant si possible une moustiquaire, afin de ne pas transmettre la maladie en métropole, si le moustique tigre est présent dans le département", conseille le ministère de la Santé. Si vous pensez avoir vu un moustique tigre dans votre commune, vous pouvez également le signaler sur le portail officiel www.signalement-moustique.fr.

Des cas de Zika signalés en Europe après un voyage

En Europe, des cas d’infections au virus Zika ont été signalés (après des séjours passés en zone épidémique) en Espagne, au Royaume-Uni, en France, en Suisse, en Finlande, au Danemark, aux Pays-Bas, aux Etats-Unis (Texas, Hawaï, Illinois, New Jersey, New York), en Chine ou encore en Australie. 

En 2016 aux Etats-Unis, 1 000 femmes enceintes auraient été infectées par le Zika, dont 250 cas confirmés. Parmi ces dernières, 1 sur 10 a eu un enfant atteint d'anomalie cérébrale. Plus de 3000 nouveaux-nés ont également été atteints par des microcéphalies au Brésil entre 2015 et 2016, du fait d’une contamination de la mère par le virus Zika. Si l’épidémie qui a frappé l’Amérique du Sud en 2015 a marqué les esprits, le virus avait déjà été identifié en 1952 en Ouganda chez l’homme.

La maladie à virus Zika est due à un virus transmis par des moustiques du genre Aedes. "Les sujets atteints présentent en général une fièvre modérée, une éruption cutanée (exanthème) et une conjonctivite. Normalement, ces symptômes disparaissent en 2 à 7 jours", renseigne l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le virus circule en Afrique, dans les Amériques, en Asie et dans le Pacifique. Il n’existe actuellement aucun traitement ou vaccin spécifique. "La meilleure forme de prévention consiste à se protéger des piqûres de moustiques et à éliminer les moustiques et leurs gîtes larvaires". En effet, habitué à naître dans des petits gites (plantes retenant l’eau), le moustique tigre a pu aisément coloniser toutes sortes de gites larvaires que lui propose l’environnement urbain et péri-urbain comme des coupelles sous les pots de fleurs, arrosoirs, vieux pneus, gouttières bouchées, etc…. La meilleure solution pour mieux s’en prémunir est de vider toutes ces petites "retenues d’eau" ou de les renouveler au moins une fois par semaine. A titre indicatif, sachez que le moustique tigre est plus petit qu'une pièce de 1 centime : il ne mesure que quelques millimètres et a un vol assez lent qui permet de l'écraser en vol. Si vous regardez de plus près, vous verrez qu’il est noir avec des rayures blanches sur les pattes et sur l’abdomen, ce qui lui vaut son surnom de moustique tigre. Alors, prudence.