La tolérance à la privation en oxygène des cellules du cœur, privation inévitable pendant une chirurgie cardiaque comme le remplacement d'une valve cardiaque et/ou un pontage coronarien, dépend de l’heure de la journée : les complications cardiaques sont moins fréquentes et moins sévères lorsque cette chirurgie est réalisée l'après-midi versus le matin, a conclu une équipe lilloise.
L’étude est publiée dans une revue prestigieuse The Lancet, et montre que tout vient dans nos horloges cellulaires. Les premières recherches effectuées dans les années 1970-80 avaient mis en avant l'existence d'une horloge moléculaire au sein de chaque cellule de l'organisme. Cette découverte a été récemment récompensée par le prix Nobel de Physiologie et Médecine 2017.
Horloges : centrale et périphériques
Le fonctionnement de l'organisme est soumis à un rythme biologique, calé sur un cycle d'une journée de 24 heures. Ce rythme régule la quasi-totalité de nos fonctions biologiques et comportementales. Il est le fruit de l'interaction entre une horloge centrale au niveau du cerveau et d'horloges périphériques localisées dans chaque organe (cœur, foie, muscles...). Ces horloges périphériques permettent d'optimiser le fonctionnement de chaque organe en fonction du contexte environnemental. Elles doivent être resynchronisées en permanence, grâce à l'horloge interne du cerveau permettant cette synchronisation en fonction de la lumière externe (jour-nuit).
Infarctus et AVC : le matin
Le fonctionnement cardiovasculaire (pouls, tension artérielle) est bien connu pour être rythmé sur un cycle de 24 h. Idem pour le risque d’accident cardiovasculaire : la majorité des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux surviennent en fin de nuit ou au petit matin. Le cœur pourrait être ainsi plus ou moins sensible à certains stress, substances toxiques ou médicaments au cours du cycle de 24 heures.
Ces découvertes majeures ouvrent une nouvelle voie thérapeutique dans la prise en charge des pathologies pour lesquelles le manque d’oxygène du muscle cardiaque est primordial, comme l’angine de poitrine et l’infarctus du myocarde, mais également dans les situations où ce manque d’oxygène est imposé comme lors de l’arrêt du cœur au cours des chirurgies cardiaques ou même lors du transport du greffon avant transplantation cardiaque.