"Les niveaux de pollution de l’air restent dangereusement élevés dans de nombreuses parties du monde", alerte ce mercredi l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans un énième communiqué rappelant ô combien le réchauffement climatique nuit gravement à notre santé. Selon ces données, 9 personnes sur 10 respireraient un air pollué : "7 millions de personnes meurent chaque année à cause de la pollution de l’air ambiant (extérieur) et à cause de la pollution de l’air à l’intérieur des habitations".
Dans son dernier rapport sur la pollution de l’air (octobre 2017), l’Agence européenne de l’environnement indiquait que la situation "s’améliore lentement", mais que les grandes villes européennes étaient toujours asphyxiées par des nuages de particules fines, d’ozone et de dioxyde d’azote. Un environnement toxique responsable de plus de 530 000 décès sur le continent. A l’échelle de l’Union européenne, l’Allemagne est le pays qui paie le plus lourd tribut (80 000 décès), devant la Grande-Bretagne (64 000) et la France (63 000).
La pollution extérieure, comme intérieure
Si la pollution de l’air ambiant (routier, ferroviaire, fluvial) est responsable à elle seule d’environ 4,2 millions de décès en 2016, celle de l’air à l’intérieur des habitations (combustibles et technologies polluantes) a causé environ 3,8 millions de décès cette même année. "La pollution de l’air est une menace pour nous tous, mais les populations les plus pauvres et les plus marginalisées sont les premières à en souffrir, explique le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. On ne peut pas accepter que plus de 3 milliards de personnes – surtout des femmes et des enfants – continuent de respirer tous les jours des fumées mortelles émises par des fourneaux et des combustibles polluants à l’intérieur de leurs habitations. Si nous n’agissons pas très vite, le développement durable restera une chimère."
Environ 3 milliards de personnes (soit plus de 40% de la population mondiale) n’ont toujours pas accès à des combustibles et à des technologies de cuisson propres à leur domicile, alors qu’il s’agit là de la principale source de pollution de l’air à l’intérieur des habitations. "Ces améliorations restent plus lentes que la croissance de la population dans de nombreuses parties du monde, en particulier en Afrique subsaharienne", , note l'OMS.
Un risque majeure dans les pays à revenu faible ou intermédiaire
Selon l'OMS, plus de 90% des décès dus à la pollution atmosphérique se produisent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, principalement en Asie et en Afrique, puis dans les pays à revenu faible ou intermédiaire des régions de la Méditerranée orientale, de l’Europe et des Amériques. "De nombreuses mégalopoles du monde entier présentent des résultats 5 fois supérieurs aux niveaux fixés par les lignes directrices de l’OMS pour la qualité de l'air, ce qui représente un risque majeur pour la santé des populations", explique la Dr Maria Neira, Directrice du Département Santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé à l’OMS.
L'impact de la pollution sur la santé
La pollution joue un rôle clé dans l'intensification de la pollinisation et la recrudescence des allergies respiratoires. En 30 ans, le nombre de personnes allergiques a presque doublé à cause des concentrations allergéniques dans l’air. L’OMS estime même que 50% de la population mondiale sera allergique en 2050. En effet, de nombreuse études soulignent les effets délétères de la pollution et de la circulation automobile sur la santé respiratoire, notamment celle des enfants, avec des pourcentages d'asthme et d’allergie aux pollens qui grimpent de 20 à 30%. Une équipe internationale de chercheurs a mis en évidence l’impact de la pollution de l’air lié au trafic automobile sur l’asthme infantile.
Leurs travaux publiés le 27 mars dans la revue Environment International démontrent que jusqu’à 38% de tous les cas annuels d’asthme recensés chez les enfants à Bradford peuvent être attribuables à la pollution de l’air. La pollution atmosphérique liée à la circulation automobile est quant à elle estimée à 12% de tous les cas d’asthme infantile recensés. En cause : les taux importants de dioxyde d’azote. Ce polluant atmosphérique produit par la circulation routière est en effet connu pour provoquer des irritations du système respiratoire et exacerber de manière significative les problèmes respiratoires existants chez les sujets.
Dangereuse pour les poumons, le cœur, les artères ou encore les muqueuses, la surexposition à des particules fines engendre des affections comme des accidents vasculaires cérébraux (AVC), des cardiopathies, des cancers du poumon, des bronchopneumopathies chroniques obstructives et des infections respiratoires. Selon une étude de l’université d’Aarhus (Danemark), publiée dans Ecological Indicators en juillet 2017, une exposition chronique aux particules fines raccourcit également considérablement l’espérance de vie : 10 microgrammes par mètre cube d’air réduisent de 9 à 11 ans la durée de vie des citadins. Dans les villes des pays européens à revenu élevé, il a été prouvé que la pollution de l’air diminuait l’espérance de vie moyenne de 2 à 24 mois, en fonction des niveaux de pollution, explique également l'OMS.