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Epidémie

Dengue : l'épidémie progresse dangereusement à la Réunion, 2000 personnes contaminées

Par Anaïs Col

Une épidémie de dengue "sans précédent" secoue l'île de la Réunion depuis plusieurs mois. Environ 2000 personnes ont été contaminées et 50 hospitalisations ont été recensées depuis le 1er janvier 2018.

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La Réunion connait une épidémie de dengue "sans précédent", a alerté l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) : 1816 cas avérés ont été déclarés entre le 1er janvier et le 23 avril 2018. Cinquante hospitalisations ont été enregistrées depuis le début de l'année, contre 12 sur toute l'année 2017.

"Bien que des cas sporadiques de dengue autochtone aient été signalés à La Réunion auparavant, la recrudescence des cas depuis le début de l’année 2018 est sans précédent, remarque l'OMS. La Réunion est une destination touristique prisée et la probabilité d'introduction du virus de la dengue dans des pays tiers se trouve aggravée par l'épidémie actuelle". 

En effet, le moustique tigre s’infecte de la dengue (du Zika ou du Chikungunya) en piquant une personne malade, transporte le virus et le transmet secondairement à des personnes non-immunisées lors d’une prochaine piqûre. Ainsi, un cycle de transmission autochtone est généré et peut être à l’origine d’un ou plusieurs foyers épidémiques. De même, il peut aller d'un pays à l'autre avec une effrayante facilité. 

Qu'est-ce que la dengue ?

La dengue, aussi appelée "grippe tropicale", est une fièvre hémorragique tropicale liée à un arbovirus, transmis par la piqûre d’un moustique tigre femelle uniquement. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime à 50 millions le nombre de cas annuels dans le monde, dont 500 000 cas de dengue "hémorragique", c'est à dire qui sont mortels dans plus de 2,5% des cas. La dengue est initialement présente dans les zones tropicales et subtropicales du monde.  

Les symptômes se manifestent au bout de 3 à 14 jours (en moyenne 4 à 7 jours) après la piqûre infectante. On observe alors un syndrome grippal touchant les nourrissons, les jeunes enfants et les adultes. Il n’existe aucun traitement spécifique. Si la dengue hémorragique est une complication potentiellement mortelle, le diagnostic clinique précoce et une prise en charge clinique rapide permettent souvent de sauver des vies.

Comme le souligne l'Organisation de la Santé (OMS), "on retrouve plus de 70% de la charge de morbidité imputable à cette maladie en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique occidental. En Amérique latine et dans les Caraïbes, l’incidence comme la gravité de la maladie ont augmenté rapidement ces dernières années. L’Afrique et la Méditerranée orientale ont également enregistré davantage de flambées épidémique au cours des dix dernières années". 

Bon à savoir, si vous voyagez

Les autorités sanitaires recommandent aux personnes se rendant à La Réunion de se protéger contre les piqûres de moustique, y compris en journée, en utilisant des répulsifs pour la peau et les vêtements, et en portant des vêtements longs et amples. 

"Si une personne présente dans les 7 jours suivant son retour en métropole des signes évocateurs de la dengue (douleurs articulaires, douleurs musculaires, maux de tête, éruption cutanée avec ou sans fièvre, conjonctivite), elle doit consulter un médecin et continuer à se protéger contre les piqûres de moustiques, y compris en utilisant si possible une moustiquaire, afin de ne pas transmettre la maladie en métropole, si le moustique tigre est présent dans le département", conseille le ministère de la Santé

La France en alerte rouge

En France, 11 cas autochtones de dengue ont été signalés dans l’Hérault en 2014 et 7 autres cas dans le Gard en 2015. Actuellement, les six départements de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, de même que la moitié sud de la France, sont placés en vigilance rouge. Les Hauts de Seine, l’Aisne, les Hautes Alpes, les Hautes Pyrénées, l’Ariège, la Lozère, l’Indre, le Maine-et-Loire et la Corrèze ont également été "colonisés". Globalement, la colonisation du territoire français par le moustique tigre est de plus en plus rapide et concerne maintenant 62 départements (42 en vigilance rouge, 20 en vigilance orange).

Le ministère de la Santé a annoncé la surveillance renforcée du moustique tigre qui survole actuellement 42 départements français, à la fois pour ralentir sa progression et "limiter le risque d’importation et de circulation des virus dont il peut être le vecteur en métropole".

Bien que moins ensoleillée, l'Ile-de-France est également concernée : "En plus de Paris, 4 départements sont en vigilance orange : le Val d’Oise, la Seine et Marne, l’Essonne, la Seine-Saint-Denis, où le moustique tigre a été intercepté dans le courant des 5 dernières années". Vigilance-moustiques observe que dans la très grande majorité des cas, les départements en orange passent en vigilance rouge au cours des années suivantes. "Ils nécessitent donc une vigilance citoyenne particulière, d’autant plus qu’ils ne bénéficient pas de l’ensemble du dispositif prévu par le plan anti-dissémination" prévu dans les départements placés en vigilance-rouge.

Comment distinguer un moustique tigre ?

Sachez déjà que le moustique tigre est plus petit qu'une pièce de 1 centime : il ne mesure que quelques millimètres et a un vol assez lent qui permet de l'écraser en vol. Si vous regardez de plus près, vous verrez qu’il est noir avec des rayures blanches sur les pattes et sur l’abdomen, ce qui lui vaut son surnom de moustique tigre.

"Chacun, en modifiant son comportement et en adoptant des gestes simples et peu contraignants, peut participer à la lutte contre la prolifération des moustiques tigre et aider à prévenir l’introduction de la dengue, du chikungunya ou du zika en métropole. En particulier, il est très important de supprimer les eaux stagnantes, qui permettent la reproduction du moustique, autour de son domicile", recommande le gouvernement.

En effet, habitué à naître dans des petits gites (plantes retenant l’eau), le moustique tigre a pu aisément coloniser toutes sortes de gites larvaires que lui propose l’environnement urbain et péri-urbain comme des coupelles sous les pots de fleurs, arrosoirs, vieux pneus, gouttières bouchées, etc…. La meilleure solution pour mieux s’en prémunir est de vider toutes ces petites "retenues d’eau" ou de les renouveler au moins une fois par semaine.