Des poumons noirs, comme carbonisés, l’image est choquante. Voici l’état des poumons d’un homme qui a fumé un paquet de cigarettes par jour pendant 20 ans. Ces images ont été tournées par Amanda Keller, infirmière en Caroline du Nord aux Etats-Unis.
A côté des poumons du fumeur, sont posés ceux d’une personne saine. Pendant la vidéo, l’infirmière gonfle les poumons à l’aide d’une pompe. Ceux du fumeur sont beaucoup moins élastiques que les poumons sains, ce qui fait qu’ils se dégonflent beaucoup plus vite. Ces images permettent de comprendre pourquoi les fumeurs s’essoufflent plus vite.
3,5 millions de Français atteints de BPCO
Le fumeur décédé était atteint de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). C’est-à-dire une d'une inflammation des voies aériennes, dont les bronches, qui conduit à un épaississement des parois et à une hypersécrétion de mucus. A mesure que la maladie progresse, les alvéoles pulmonaires sont détruites. Cela finit par provoquer une gêne pendant la respiration.
Cette maladie est la 4e cause de décès dans le monde. 3,5 millions de personnes en seraient atteintes en France, mais les deux-tiers l’ignorent. Nombreux sont ceux qui pensent que pour un fumeur, il est normal de tousser le matin : c’est la "toux du fumeur". En réalité, cette toux peut être un signe de BPCO. Si elle n’est pas détectée et soignée à temps, elle va rétrécir le calibre des bronches. Une dégradation qui est irréversible. Comme le rappelle l’Inserm, on ne pas guérir d’une BPCO, seulement ralentir l’évolution de la maladie, et parfois inverser certains symptômes.
Quel est le traitement de la BPCO ?
Après un diagnostic de BPCO, la première mesure consiste déjà à arrêter de fumer et à interrompre l’exposition professionnelle aux substances toxiques favorisant la maladie. Cette mesure est efficace sur l’évolution à tous les stades de la maladie, du plus léger au plus sévère. La prise en charge médicamenteuse repose sur l’utilisation de médicaments inhalés permettant de dilater les voies respiratoires et d’y améliorer le débit d’air : les "bronchodilatateurs". Ceux-ci peuvent être de différents types (cholinergiques ou bêta-2 mimétiques) et ils peuvent avoir une courte ou une longue durée d’action. Ces traitements sont indiqués dès qu’il existe un essoufflement. Les bronchodilatateurs peuvent être associés à des corticoïdes pour réduire l’inflammation bronchique locale en cas d’exacerbations répétées et de gêne respiratoire importante.
Les antibiotiques sont utilisés lors des épisodes de surinfection bronchique qui se manifeste par une modification des crachats qui deviennent purulents. Dans les cas de BPCO les plus sévères avec insuffisance respiratoire chronique, une "oxygénothérapie" pour apporter un supplément d’oxygène au moins 15 heures par jour. L’oxygénothérapie a démontré son efficacité pour améliorer la survie. Elle peut être complétée par une "ventilation".
La réhabilitation respiratoire est utile pour tous les malades souffrant d’une intolérance à l’effort et d’une limitation de leurs activités quotidiennes : c’est généralement le cas dès le stade II de sévérité de la maladie.
La réhabilitation repose sur une approche multidisciplinaire, incluant une kinésithérapie respiratoire et le réentraînement à l’effort à travers le développement progressif de l’exercice musculaire (endurance et renforcement des muscles périphériques, équilibre, posture). Une éducation thérapeutique (sevrage tabagique, observance thérapeutique, méthodes de prise des traitements inhalés, équilibre nutritionnel, gestions des exacerbations…) y est systématiquement associée.
17 000 décès chaque année en France
Pour diagnostiquer la BPCO, il faut faire un examen au spiromètre. Cela consiste à souffler dans un petit appareil. C’est le médecin qui peut ensuite vous rediriger vers un pneumologue qui réalisera avec d’autres instruments le diagnostic final de la BPCO. On estime le nombre de décès liés à la BPCO en France à 17 000 chaque année. Dans 8 cas sur 10, le tabac est responsable.