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Institut de veille sanitaire

Pesticides : les Français trois fois plus exposés que les Américains

Par Bruno Martrette

L’InVS vient de publier une étude qui montre que les Français seraient trois fois plus exposés que les Américains à certains pesticides. De plus, 13% des femmes présentent des seuils critiques à un polluant organique persistant.

GILE MICHEL/SIPA

Les Français présentent un niveau d'imprégnation aux pesticides parmi les plus élevés, par rapport à ceux relevés dans des pays comparables. C'est ce qui ressort des résultats d'une étude, publiée lundi 29 avril, et réalisée par l'Institut de veille sanitaire (InVS). Estimés à partir d’un échantillon d’environ 400 personnes âgées de 18 à 74 ans, ils portent sur l’exposition de la population française à certains produits de synthèse toxiques (PCB-NDL), et à trois familles de pesticides: organochlorés, organophosphorés et pyréthrinoïdes, dosés dans le sang ou l’urine. Alimentation, désodorisants, ou encore encres et peintures, malgré leur interdiction, on retrouve ces produits nuisibles un peu partout dans notre environnement. 

 
Si bien que globalement, les résultats rapportés sont pour le moins inquiétants. Tout d'abord, les concentrations urinaires de produits de dégradation des pesticides organophosphorés -les métabolites- sont supérieures à celles des Américains ou des Canadiens. « Le lieu de résidence, et notamment la surface agricole dédiée à la culture de la vigne dans le département pour les dérivés diméthylés, l’alimentation et l’usage d’insecticides dans le logement, » semblent influencer l’exposition à ces insecticides, précise le communiqué de l'Institut. Des résultats qui peuvent étonnner, car l'InVs précise dans le même temps que  « ces pesticides sont beaucoup moins utilisés qu’auparavant et avec des usages restreints ».
 

Par ailleurs, les niveaux moyens de résidus des pesticides utilisés en agriculture, dans le domaine forestier, mais également dans les hôpitaux et la construction, les pyrethrinoïdes, semblent encore trois fois plus élevés que ceux observés aux Etats-Unis. « Il est vraisemblable que les usages soient différents en France et dans ces pays », précise la synthèse des rapports. Mais ici, les chiffres donnés sont moins surprenants, ce pesticide restant aujourd'hui encore parmi les plus utilisés.

Concernant les polychlorobiphényls (PCB), dont la principale source de contamination est l'alimentation, là encore, les résultats annoncés ont de quoi inquiéter. En effet, l'étude menée par l'Institut révèle que 13% des femmes en âge de procréer présentent une concentration sanguine de PCB totaux supérieure aux seuils critiques définis par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Or, ils sont classés comme cancérogènes probables. Leur utilisation est interdite depuis 1987 mais, il en reste encore de grandes quantités dans notre environnement. 

 

Pour Générations futures, une association de défense de l'environnement, « le gouvernement français et l’Union européenne doivent mettre en œuvre les décisions nécessaires pour supprimer l’exposition des citoyens à ces pesticides dont beaucoup sont des perturbateurs endocriniens» a déclaré François Veillerette, porte-parole de l'association. Et le message de ces associations commence à être écouté. La Commission européenne a suspendu hier pour deux ans et à titre provisoire (à partir du 1 er décembre 2013), l'utilisation de trois pesticides largement suspectés d'entraîner le déclin des abeilles. «  Nous espérons qu’à terme tous les usages de ces insecticides seront interdits et qu’on interdira également prochainement les deux autres néonicotinoides dangereux: l’acétamipride et le thiaclopride » conclut François Veillerette.