Il était l’une des figures les plus connues du biohacking, cette nouvelle approche de la biologie qui a pris ses distances avec les laboratoires académiques et encourage les individus à tester individuellement des technologies et des traitements pour être en meilleure santé.
Cela ne lui a visiblement pas réussi : le 29 avril dernier, Aaron Traywick, 28 ans, a été retrouvé mort dans le caisson d’isolation sensorielle d’un spa de Washington D.C. CEO d’Ascendance Biomedical, une petite stat-up faisant de la recherche biologique non approuvée par la Food and Drug Administration (FDA) et testant ses traitements par auto-expérimentation, il avait déclaré vouloir rendre "les technologies biomédicales de pointe disponibles pour tout le monde".
"Premier cobaye humain"
Sans formation médicale, Aaron Traywick avait bâti sa notoriété sur ces auto-expérimentations. Le biohacker avait défrayé la chronique le 4 février dernier quand, lors d’une convention se déroulant à Houston, au Texas, il s’était injecté un vaccin contre l’herpès. Mis au point à partir d'un article scientifique mettant en cause la "glycoprotéine D", dans la propagation du virus de l’herpès, le vaccin avait jusqu’ici seulement fait l’objet de tests sur les rongeurs.
S’étant auto-proclamé "premier cobaye humain", Aaron Traywick s’appuyait sur un vide juridique pour mener ses expérimentations. Il n’existe en effet aux États-Unis aucune loi fédérale interdisant l’auto-administration de substances.
Toutefois, son geste à la convention avait été mal perçu par la communauté de biohacking, qui l’accusait de donner d'elle une mauvaise image. Lors d’un événement similaire, un autre employé d’Ascendance Biomedical s’était injecté un traitement expérimental contre le VIH.
Mystère autour de sa mort
On ignore encore pour le moment si le vaccin contre l’herpès qu’Aaron Traywick s’était injecté trois mois plus tôt a causé sa mort. Une enquête a été ouverte par la police de Washington D.C. et une autopsie sera pratiquée pour déterminer les causes et circonstances de sa mort.
Interviewé par Vice, Tristan Roberts, un ancien collègue du biohacker, a déclaré que "bien que de nombreux membres de la communauté du biohacking aient été en désaccord avec ses méthodes, aucun d’entre eux ne doutait de ses intentions". "Aaron était un visionnaire passionné. Il n’avait jamais l’air fatigué, il rassemblait des gens pour travailler sur certains des défis les plus imposants qui attendent l’humanité (…) Il ne visait rien de moins qu’une révolution de la biomédecine : la démocratisation de la science et l’ouverture des portes pour un traitement global."
Ces dernières semaines, Aaron Traywick s’était isolé de ses activités chez Ascendance Biomedical. "Nous avions tous perdu contact avec lui. C’était le silence radio", a confessé son ex-collaborateur Andreas Stuermer.