Le procès d’une infirmière qui faisait jusqu'ici "l’objet d’excellentes notations" s’est déroulé jeudi 3 mai au tribunal de Tarbes. Fabienne (le prénom a été modifié), 47 ans et employée depuis 1995 au centre hospitalier de Lannemezan comparaissait pour exercice illégal de la médecine, délivrance et falsification d’ordonnances, ainsi que pour le vol de cartes Vitale. Absent de l’audience, elle était représentée par son avocat.
Démasquée par une pharmacienne
Pendant 2 ans, entre 2015 et 2017, cette mère de deux enfants et employée modèle du CHU a falsifié quelques 195 ordonnances pour obtenir des antidépresseurs, des anxiolytiques et des somnifères, médicaments dont elle était devenue dépendante.
Selon La Dépêche, qui relate le déroulement de l’audience, ces méfaits ont été découverts par une pharmacienne. Étonnée de se voir présenter par un jeune garçon une ordonnance d’un médecin du centre hospitalier qu’elle connaît bien et dont elle ne reconnaît pas l’écriture, elle tente de le contacter et apprend qu’il est en vacances. Elle comprend alors qu’il s’agit d’un faux. "Entre temps, elle avait renvoyé le jeune garçon venu prendre les médicaments, qui se trouve être le fils de Fabienne. Cette dernière arrive un peu plus tard et lui explique que c’est pour sa voisine", écrit le quotidien régional.
Des difficultés familiales
Outre la falsification d’ordonnances, qu’elle faisait aussi au nom de membres de sa famille, l’infirmière est accusée de vol de cartes Vitale de patients hospitalisés : elle les utilisait pour ouvrir des comptes dans diverses pharmacies. Certains d’entre eux se sont portés partie civile car "ils doivent pourvoir faire confiance au CHU, à leurs infirmières. Elle se devait de respecter sa mission et ses patients".
Pour la défendre, l’avocat de Fabienne a expliqué que des difficultés familiales qui l’avaient piégée dans cet engrenage. "Elle avait des difficultés à trouver le sommeil, puis avec le cancer de son frère, celui de son père, elle a cédé à une manœuvre qu'elle n'a pas inventée, connue dans les services hospitaliers pour se prescrire elle-même ce que le médecin ne pouvait lui prescrire, elle est devenue addict à ces produits", a raconté l’avocat.
L’infirmière, qui a admis avoir falsifié des ordonnances car la prescription classique des médecins ne suffisait plus pour combler sa dépendance aux psychotropes, a reconnu entièrement les faits qui lui étaient reprochés. Elle a été condamnée à 1 an de prison avec sursis, une mise à l’épreuve de 2 ans avec obligation de soins et une interdiction définitive d'exercer le métier d'infirmière. Elle devra également verser un euro symbolique aux patients dont elle a utilisé la carte Vitale et 273 euros à la CPAM des Hautes-Pyrénées.