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Particules fines et carbone noir

Pollution de l’air : attention, tous les masques ne se valent pas

Par Charlotte Arce

Fréquemment utilisés dans certaines grandes villes du monde pour protéger de la pollution aux particules fines, les masques vendus dans le commerce ne seraient pas tous efficaces. Selon une étude écossaise, certains laisseraient passer jusqu'à un tiers des particules. 

Popartic/iStock
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Vous en avez déjà forcément vu, dans les transports en commun ou dans la rue : des piétons qui, pour se déplacer, optent pour le port d’un masque. Censé les protéger de la pollution atmosphérique qui tue chaque année 7 millions de personnes dans le monde, le masque serait particulièrement efficace pour protéger des particules fines, ces minuscules particules (de moins de 2,5 micromètres de diamètre) en suspension dans l’air qui, lorsqu’elles sont inhalées, se déposent sur les alvéoles des poumons et peuvent engendrer des maladies respiratoires.

Pourtant, ces fameux masques que l’on trouve dans le commerce seraient d’une utilité toute relative, si l’on en croit une nouvelle étude publiée dans la revue Occupational and Environmental Medicine.

Menée par une équipe internationale de chercheurs dirigée par le professeur John Cherrie de l’Université Heriot-Watt en Écosse et l'Institut de médecine du travail, elle pointe les variations significatives dans la qualité des masques selon l'endroit où ils sont achetés.

Une pénétration des particules jusqu’à 29% pour certains masques

C’est aux masques commercialisés en Chine, notamment à Pékin, où l’air est fortement pollué, que les chercheurs se sont intéressés. Neuf masques différents ont été achetés dans des magasins de la capitale chinoise. Sur leur emballage, tous prétendent protéger contre la pollution aux particules fines, provenant notamment des véhicules diesel et des émissions industrielles.

Les chercheurs ont d'abord testé l'efficacité de filtration de chaque masque en extrayant les gaz d'échappement des moteurs diesel dans une section du matériau pendant 30 minutes et en mesurant les concentrations de particules et de carbone noir des deux côtés. Ils ont également testé quatre masques sur 10 volontaires qui ont été exposés à des gaz d'échappement diesel dans un laboratoire tout en effectuant des tâches telles que parler, s'asseoir, se pencher et marcher sur place.

"Les résultats du test de filtration se sont avérés extrêmement intéressants, affirme le Pr Cherrie. Ils ont montré que la pénétration moyenne des particules et du carbone noir variait de 0,26 à 29%, selon le matériau utilisé pour le masque."

En ce qui concerne le test sur les volontaires, "les fuites moyennes allaient de 3% à 68% alors que pendant les tâches sédentaires, elles oscillaient entre 7% et 66% dans les mouvements actifs", poursuit le spécialiste, qui précise qu’"un seul masque avait une fuite inférieure à 10% sur les tests actifs sédentaires".

Des normes de qualité parfois inexistantes

Lorsqu’ils sont destinés à un usage professionnel, les masques commercialisés doivent répondre à des normes rigoureuses. Or, dans certains pays, les masques vendus aux particuliers ne sont pas soumis à un contrôle qualité aussi strict, d’où ces écarts d’efficacité parmi les modèles testés.

Pour le Pr Cherrie, il est urgent de fixer une norme de qualité sur ces masques censés protéger efficacement de la pollution atmosphérique. En attendant, celui-ci conseille de choisir des masques à usage professionnel. "N’optez pas pour l’option la moins chère, choisissez celle qui est la plus susceptible de faire le meilleur travail", insiste-t-il.

Plus de contrôle pour les masques vendus en France

En France, les masques anti-pollution sont vendus en pharmacie ou dans les magasins de bricolage. Siglés FFP1, FFP2 ou FFP3 (FFP pour "filtering facepiece particules"), ils doivent recouvrir le nez, la bouche et le menton et répondre aux exigences de la norme EN149.

"Les masques FFP3 sont les plus filtrants. Ils filtrent 98% des particules. Attention cependant, impossible de les porter longtemps. Au bout de quelques dizaines de secondes, on accumule la respiration et la chaleur donc la transpiration. Ce n'est vraiment pas agréable", explique au HuffPost Véronique Riffault, Professeure en sciences de l'atmosphère à l'Ecole nationale supérieure des Mines de Douai.