Le CHU de Caen a été condamné à verser 4 000 euros à une patiente d'une soixantaine d'années qui a passé douze ans avec un cathéter oublié dans le corps à la suite d’une opération. Comme le raconte Ouest-France, cette femme s'est faite opérer en 2006 pour un écoulement nasal qui avait nécessité la pose d’un drainage, réalisé avec un cathéter de 20 cm dans le rachis lombaire (une partie de la colonne vertébrale, NDLR). A la fin de l’opération, le personnel soignant a oublié de lui retirer le cathéter. La sexagénaire a vécu douze ans avec ce corps étranger sans le savoir.
4000 euros de dommages
Aujourd'hui, la plaignante souffrirait d’un trouble de conversion, une condition durant laquelle elle présente des symptômes neurologiques tels qu'une paresthésie, une cécité, une paralysie ou autres déficits similaires sans que le système nerveux central ou périphérique n’ait subi de dommages. L'avocate de la plaignante avait appuyé sa défense sur les conséquences psychologiques de la présence du cathéter et réclamé 32 000 euros.
Une requête que le tribunal administratif de Caen avait partiellement entendu en première instance, lui accordant 4000 euros de dommages et intérêts. La cour administrative d’appel de Nantes a suivi cette décision, estimant comme son prédécesseur que "l’origine organique des troubles psychologiques n’est pas établie".
Ces erreurs médicales découvertes 20 ans plus tard
Compresse dans le dos, éponge dans le crâne, champ en coton tissé dans l'abdomen... Ce n'est pas la première fois qu'une équipe médicale oublie du matériel dans le corps d'un.e patient.e. En 2010, des médecins marocains ont découvert une compresse logée entre les muscles entourant les vertèbres lombaires d'une femme opérée trois ans plus tôt d'une hernie discale. Au Brésil, une patiente a gardé des compresses oubliées 37 ans auparavant lors d’une ablation de la vésicule biliaire. Au Maroc, un neurochirurgien a même oublié un morceau de compresse dans la boîte crânienne d'un patient opéré d'une tumeur trois ans plus tôt.
En février 2017, des chirurgiens japonais ont rapporté le cas d'une femme anémique de 67 ans présentant une émission de sang par l’anus dans le Clinical Journal of Gastroenterology. Alors que le scanner semblait montrer la présence d’une tumeur de 6 cm, les médecins ont découvert qu'il s'agissait en fait d'un champ en coton tissé oublié lors d'une intervention réalisée 24 ans auparavant. Selon Urology Case Reports une autre femme a également vécu 29 ans avec un champ tissé en coton oublié lors d’une césarienne.
En janvier dernier, une patiente a accusé un chirurgien marseillais d'avoir oublié 5 compresses et un gant dans son corps, lors d'une hystérectomie (ablation de l'utérus) qu'elle aurait expulsé 5 jours plus tard. Logiquement, le chirurgien doit en permanence savoir combien de compresses il a utilisées et surtout, combien il en a récupérées. Le respect des procédures est très important dans un bloc opératoire. Il arrive également que le chirurgien se trompe de cas ou de patient. Un conseil : ça ne coûte rien de demander à celui qui vous endort de lui rappeler pourquoi vous êtes là, pourquoi faire, et surtout, où le chirurgien compte planter son bistouri. Si les réponses sont les correctes, vous pouvez vous endormir rassuré.