Une enquête pour "non-assistance à personne en péril" est en cours pour faire la lumière sur le décès de Naomi Musenga, cette jeune alsacienne de 22 ans qui a appelé le SAMU pour se plaindre de fortes douleurs au ventre le 29 décembre dernier. Selon des enregistrements obtenus par la famille, l’opératrice qui a pris l’appel s’est moquée de la jeune femme et n’a pas déclenché l’intervention des secours. Naomi est décédée quelques heures plus tard d’un infarctus.
Selon France inter, l’opératrice du SAMU qui n’a pas pris au sérieux les complaintes de Naomi Musenga est actuellement "effondrée" et "a pris conscience de la gravité de ce qu’elle a fait". Une source syndicale du CHU de Strasbourg s’est entretenu avec elle. Mais cet épisode dramatique confirme le diagnostic qui est fait depuis quelques temps : le SAMU et les urgences ne peuvent gérer seuls toute la détresse des français.
Employée expérimentée, service débordé
Cette salariée est décrite comme expérimentée par ses employeurs. Elle a débuté sa carrière comme ambulancière il y a une vingtaine d’années, avant d’intégrer le centre d’appels du SAMU. La direction des hôpitaux de Strasbourg a décidé de suspendre à titre conservatoire l’opératrice le temps de l’enquête.
Les syndicats ne nient pas la faute professionnelle de cette femme mais tiennent à préciser deux choses. D’abord, elle n’est pas la première à avoir traité la demande de Naomi. Ce sont d’abord les pompiers du Bas-Rhin qui ont pris l’appel. Ils auraient déjà minimisé les plaintes de la jeune femme en parlant avec l’opératrice. Ensuite, la période des fêtes de fin d’année est une période particulièrement chargée pour les secours. Les syndicats parlent de 2000 à 3000 appels par jour.
Pas un "bouc-émissaire"
L’un des avocats de la famille de la victime, Mohamed Aachour, fait ainsi savoir que l’opératrice ne doit pas servir de "bouc-émissaire". Sa suspension n’était, selon lui, pas forcément demandée par les proches de Naomi. Il dénonce une chaîne des responsabilités et de dysfonctionnements dans la gestion des urgences. Tout ceci se double d'un dysfonctionnement administratif : la famille aurait tenté d’obtenir des réponses auprès du CHU de Strasbourg pendant quatre mois, en vain.
Ce n'est pas la première affaire de ce type qui éclate. Au début de l'année, une fillette de trois ans est décédée, en grande détresse respiratoire et neurologique. Les secours ne se sont pas déplacés suite à l'appel de ses parents. AU-delà du comportement odieux dont témoigne l'enregistrement, le décès de Naomi pose la question de l'organisation des urgences en France : progressivement, le SAMU et les urgences des hôpitaux en sont venu à gérer la quasi totalité des appels et des recours en urgence. Une situation qui les condamne à gérer l'inflation des demandes du public. Il est temps de réorganiser les urgences en France.