Après avoir observé une diminution du nombre de cas de rougeole en France entre 2012 et 2016, leur nombre augmente de manière importante depuis novembre 2017 et en particulier depuis le début de l’année.
Selon le dernier bulletin de Santé Publique France (4 mai 2018), 2152 cas de rougeole été ont déclarés depuis le 6 novembre 2017 (+ 81 cas depuis le dernier bulletin hebdomadaire) avec 2 070 cas (96 %) déclarés depuis le 1er janvier 2018. La très nette augmentation du nombre de cas depuis novembre 2017 en Nouvelle-Aquitaine se prolonge donc largement au-delà du début de 2018, avec la survenue de plusieurs foyers épidémiques dans cette région ainsi que dans d’autres régions françaises.
Une épidémie à risque
Partie de la région de Bordeaux (48 % des cas, soit 1 036 cas en région Nouvelle-Aquitaine), l’épidémie se diffuse à toute la France et, actuellement, 81% des départements ont déclaré au moins 1 cas (nombre en hausse depuis le dernier bulletin). Une épidémie y avait été signalée sur le campus de l’Université de Bordeaux où elle avait touché de nombreux étudiants non-vaccinés. Depuis novembre la carte des infections se colore progressivement même s’il existe un infléchissement récent.
Un vrai problème de santé publique car la rougeole peut se compliquer, en particulier chez des nourrissons ou chez des personnes fragiles, et conduire à une hospitalisation. Il y a d’abord le risque d’une pneumonie qui peut se surinfecter par une bactérie avec une infection grave du poumon qui peut conduire le malade en réanimation. Il y a ensuite le risque d’une infection virale du cerveau (« encéphalite »). Ces complications peuvent entraîner le décès ou donner des séquelles pulmonaires et neurologiques à vie.
Pourquoi la rougeole réapparait-elle ?
La rougeole réapparaît en France, à la différence des pays du nord de l’Europe en raison d’un défaut de vaccination des adultes et des jeunes enfants (« défaut de couverture vaccinale ») : 87 % des cas de rougeole sont survenus chez des sujets non ou mal vaccinés.
Selon tous les experts, avec un virus aussi contagieux que celui de la rougeole, un virus qui circule actuellement en Europe de l'est, il est nécessaire d’avoir au moins 95% de la population vaccinée pour éviter toute épidémie et protéger les enfants de moins de 12 mois qui ne peuvent être vaccinés.
Selon une enquête SpF-Dees, seulement 90,5% des enfants de 2 ans ont reçu une dose et 78,8% les 2 doses nécessaires (idem pour les enfants et les jeunes adultes). Pour les soignants, ce n'est pas mieux, en dehors des sages-femmes qui sont presque aux objectifs (92,7%). Et c’est en contraste flagrant avec les pays du nord de l’Europe, comme les Pays-Bas qui, en atteignant une couverture vaccinale de 95%, ont éradiqué la maladie chez eux.
La rougeole est une maladie très contagieuse
La rougeole est une maladie infectieuse due à un virus très contagieux qui touchait auparavant surtout les jeunes enfants à partir de 5–6 mois. Ce n’est plus le cas : un tiers des cas déclarés concerne des personnes de plus de 15 ans.
La rougeole est 10 fois plus contagieuse que la grippe : une personne malade peut en contaminer jusqu'à 20. Cette contagiosité est lié autant à la virulence du paramyxovirus de la rougeole, qu’à sont mode transmission par l'air, lors de toux, éternuements, ou par contact avec des objets contaminés (jouets, mouchoirs…) et enfin au fait que les malades sont contagieux alors qu’ils n’ont pas encore l’éruption caractéristique.
Il n’y a pas de traitement spécifique
On ne dispose pas de traitement spécifique à même de détruire le virus de la rougeole et les antibiotiques ne servent qu’en cas de complication avec surinfection.
Le seul vrai moyen d’éviter d’avoir la rougeole est de se faire vacciner. Très efficace, la vaccination est seulement contre-indiquée chez l’allergique au blanc d’œuf, chez l’immunodéprimé, et pendant la grossesse. Traditionnellement, le schéma vaccinal consiste en l’injection d’une dose de vaccin ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole) à 12 mois puis une deuxième injection entre 16 et 18 mois. Pour les personnes n’ayant jamais été vaccinées contre la rougeole, un rattrapage est possible. Il consiste en l’injection de deux doses de vaccin à au moins un mois d’intervalle. En cas d’épidémie, il est possible de recevoir le vaccin jusqu’à 72 heures après avoir été en contact avec une personne souffrant de la rougeole pour éviter la survenue de la maladie (vaccination de rattrapage).
Les autorités de santé conseillent de faire vérifier par son médecin traitant la qualité de sa vaccination et, en cas de défaut, de réaliser les rappels nécessaires. Le Haut Conseil de la Santé Publique envisage même une obligation temporaire de la vaccination en cas généralisation de l’épidémie, mais si c’est le cas, il sera difficile de trouver des vaccins à la dernière minute.