Les dangers de l’alcool et du tabac ne sont un secret pour personne. Mais l’impact de leur consommation sur la santé humaine est largement sous-estimé. Une publication récente montre que l’alcool et le tabac représentent une menace pour la population plus importante que les drogues illicites comme le cannabis, l’héroïne ou la cocaïne.
Des millions d’années de vie perdues
Cette publication rassemble les données de plusieurs études menées sur les dangers de l’alcool, du tabac et des drogues illicites. Elle a été publiée sur le site de la revue Addiction. En 2015, la consommation de tabac et d’alcool a coûté à la population mondiale plus de 250 millions d’années de vie corrigées de l’incapacité.
Il s’agit d’une méthode de calcul qui prend en compte, au-delà de la mortalité, la qualité de vie. Ce sont donc 250 millions d’années de vie en bonne santé qui ont été gâchées par le tabac et l'alcool. Les drogues illicites coûteraient "seulement" environ 30 millions d’années de vie corrigées de vie perdues.
L'alcool et le tabac, très consommés en Europe
Pour la population adulte, la prévalence de la consommation de tabac quotidienne est de 15,2%, de 18,3% pour la forte consommation d’alcool, de 3,8% pour le cannabis, de 0,77% pour les amphétamines et de 0,37% pour la cocaïne. Lorsque l’on calcule la prévalence, on calcule le nombre de cas dans une population à un moment précis, c’est-à-dire que pour les consommateurs d’alcool cela englobe ceux qui sont devenus récemment des buveurs mais aussi ceux qui le sont depuis longtemps.
C’est en Europe que la prévalence de la consommation d’alcool et du tabac est la plus importante, et c’est l’Amérique du Nord, mais seulement dans les régions aisées, qui a la plus forte prévalence pour la consommation de drogues illicites.
Le poids des lobbys
Pour le tabac, il est aujourd’hui communément admis que sa consommation est dangereuse et néfaste pour la santé. Pour l’alcool, régulièrement des études contradictoires paraissent, certaines trouvent des bienfaits à sa consommation, d'autres en soulignent les dangers.
De nombreux médecins dénoncent d’ailleurs le rôle des lobbies. En avril dernier, plusieurs médecins et addictologues ont écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour demander un durcissement de la législation contre l'alcool, via notamment la mise en place d’un prix plancher pour l’alcool. Une proposition à laquelle s’est opposée la ministre de la Santé Agnès Buzyn, jugeant qu’il était préférable de laisser aux Français « la capacité de choisir ». Ces professionnels de santé dénoncent eux, les nombreux conflits d'intérêt et la « désinformation soigneusement organisée par la filière alcool » sur les dangers de sa consommation.
En France en 2009, 49 000 décès étaient liés à l’alcool. Quant au tabac, il était responsable de 47 000 décès en France l’année suivante.