L'alendronate, un médicament désormais génériqué dans le traitement préventif des fractures de l'ostéoporose, serait également responsable d’une réduction du risque de décès cardiovasculaire, d’infarctus du myocarde et d'accident vasculaire cérébral.
L'association a été observée jusqu'à 10 ans après la survenue de la fracture et l’initiation du traitement. Ce sont les résultats d’une large étude de suivi de malades souffrant de fractures de la hanche traités et non traités par un anti-ostéoporotique. L’étude est publiée dans le Journal of Bone and Mineral Research.
Un risque divisé par deux à 10 ans
Dans l'étude, les patients avec une fracture de la hanche nouvellement diagnostiquée entre 2005 et 2013 ont été suivis jusqu'à la fin de 2016. Parmi 34 991 malades, 4602 (13%) seulement ont reçu un traitement contre l'ostéoporose au cours du suivi.
Parmi ces traitements, la prise de l'alendronate est associée à une réduction des 67% du risque de décès cardiovasculaire et de 45% du risque d’infarctus du myocarde à un an. Elle est également associée à une réduction de 18% du risque d'AVC à cinq ans et à une réduction de 17% du risque d'AVC à 10 ans.
Dans cette étude, les effets protecteurs contre le risque cardiovasculaire ne sont pas observés avec les autres traitements contre l'ostéoporose.
Un effet collatéral positif
« Il existe une crise de confiance au niveau mondial pour le traitement de l'ostéoporose, en raison de la sensibilisation des malades à des effets secondaires extrêmement rares », a déclaré le Dr Ching-Lung Cheung, de l'Université de Hong Kong (ndl : quelques rares fractures atypiques ou ostéonécrose de la mâchoire). « Nos résultats montrent que l'alendronate est potentiellement cardioprotecteur chez les malades souffrant d’une fracture de la hanche. Au vu de ces données, les médecins devraient prescrire de l'alendronate, ou d'autres bisphosphonates avec un radical nitrogène dans leur molécule, aux malades avec une fracture de la hanche. Les patients devraient plutôt être traités par l'alendronate, car ce n'est pas seulement bon pour les os, mais aussi pour le cœur. » La présence de ce radical nitrogène dans la molécule a été associée à un effet bénéfique sur le cholestérol.
Un élément à prendre en compte dans les études comparatives
Au-delà de cet effet collatéral positif, qui peut remotiver les malades à prendre ce type de traitement, l’étude a également des implications importantes pour la conception et l’analyse des essais cliniques de médicaments anti-ostéoporotiques, puisque l’alendronate est le plus souvent le comparateur de référence.
L’agence de santé américaine, la Food and Drug Administration, a récemment demandé plus de données avant de décider d'approuver ou non un nouveau médicament contre l'ostéoporose, le romosozumab, en raison d'effets indésirables cardiovasculaires observés en plus grand nombre dans le groupe de malades traités par romosozumab que dans le groupe de malades traités par alendronate.
« À la lumière de ces analyses, nos résultats suggèrent que ces différences d’événements indésirables cardiovasculaires pourraient être liées à la capacité protectrice de l'alendronate, plutôt qu’à une augmentation des effets cardiovasculaires liés à l'utilisation du romosozumab, a déclaré le Dr Cheung. »