Se manifestant souvent par des douleurs en urinant, la gonorrhée, également appelée "blennorragie", est une infection sexuellement transmissible (IST) liée à une infection bactérienne à Neisseria gonorrhoeae. Elle touche surtout les hommes et les femmes de moins de 30 ans et n'est pas toujours apparente, ce qui favorise sa dissémination lors des rapports sexuels non protégés. Selon Santé publique France, les IST bactériennes augmentent en France depuis la fin des années 1990. 78 millions de personnes sont infectées chaque année dans le monde par la gonorrhée, dont environ 66 millions en Europe.
En 2016, un rapport du Centre européen pour le contrôle et la prévention des maladies (ECDC) dénombrait 66 143 cas de blennorragie dans les 27 pays membres de l’Union européenne, soit une augmentation de 25 % par rapport à l’année précédente. Depuis 2008, la part de cas annuels a plus que doublée, passant de 8 pour 100 000 habitants à 20 pour 100 000. En somme, la gonorrhée devient ultra-résistante aux antibiotiques, donc de plus en plus difficile à traiter et pourrait même un jour, devenir incurable.
De plus en plus de cas de gonorrhée "ultra-réssistante"
D’après l’OMS, des souches résistantes à la ceftriaxone (antibiotique de dernier recours) ont déjà été identifiées dans plus de 50 pays. Originaires d’Asie de l’est, les souches résistantes se sont disséminées récemment, essentiellement via le tourisme sexuel, avec quelques cas avérés en Amérique du Nord (Canada en 2017) et en Europe (Danemark en 2017).
L'ECDC a récemment annoncé que les cas de gonorrhée "ultra-résistante" ont augmenté ces derniers mois, avec trois nouveaux cas recensés en Europe et en Australie depuis février dernier. Une souche de gonorrhée multirésistante a également été identifiée en Angleterre, chez un jeune homme de retour d’Asie du Sud-Est. D’après Public Health England (PHE), l’organisme en charge de la santé publique outre-Manche, il s’agit de la première souche de gonocoque qui soit à la fois hautement résistante à l’azithromycine, le traitement oral courant de première ligne, et résistante à la ceftriaxone, un antibiotique injectable considéré comme de dernier recours dans la prise en charge des gonorrhées.
Quels sont les signes d'une gonorrhée ?
La gonorrhée touche en premier les organes génito-urinaires, mais aussi la gorge, le rectum et même les yeux, voire l’ensemble de l’organisme. Les signes de la gonorrhée apparaissent 2 à 7 jours après le rapport contaminant. Cependant, plus de la moitié des hommes et des femmes ne présentent aucun signe, en particulier en cas d’infection de la gorge et du rectum : les médecins parlent de "patients asymptomatiques". Le problème est que ces personnes, même si elles n’ont pas de signes, restent contaminées et surtout contagieuses.
Chez les hommes, lorsque des signes apparaissent, il s'agit principalement d'une rougeur et d'un gonflement de l'orifice urinaire sur le gland, c’est-à-dire une "urétrite", accompagnés d'une sensation de brûlure lors de la miction et d'un écoulement purulent, blanchâtre, au niveau du pénis. Chez les femmes, la blennorragie est moins souvent parlante. Mais elles peuvent souffrir de sensations de brûlures en urinant , d’inflammation du col utérin ou de douleurs pendant les rapports sexuels, d’écoulements vaginaux jaunâtres ou sanguinolents, voire de douleurs du bas-ventre.
Notre surconsommation d'antibiotiques en cause
Le problème de cette "super gonorrhée" met en évidence une menace beaucoup plus grande pour les humains : le spectre des "supers bactéries" résistantes aux médicaments. Pendant plus de 70 ans, les humains ont fortement compté sur les antibiotiques et les agents antimicrobiens pour lutter contre les infections bactériennes. Mais leur surconsommation a incité de nombreux organismes infectieux a s'adapter, à évoluer et à résister aux médicaments.
Si tout ceci est inquiétant, souvenez-vous que le meilleur moyen de se protéger est encore d'avoir des rapports sexuels protégés et de se faire dépister régulièrement.