Chaque année en France, 43 000 nouveaux cas de cancer colorectal sont diagnostiqués et environ 17 500 décès sont recensés. Pourtant, la maladie est largement évitable avec un dépistage régulier et se guérit dans 9 cas sur 10 avec un diagnostique précoce. Le risque principal pendant une coloscopie est que des polypes ne soient pas détectés, en particulier ceux ayant une forme plate. Leur aspect peut en effet les rendre difficiles à identifier et à enlever.
Fort heureusement pour les personnes à risque, la technique de dépistage semble s'affiner. L'ingestion d'un comprimé de colorant bleu de méthylène à action retardée pendant la préparation de l'intestin pour la coloscopie pourrait en effet augmenter le taux de détection des polypes de 9%, selon une récente étude qui sera présentée au congrès Digestive Disease Week® (DDW) 2018.
La coloscopie permet de mettre en évidence d’éventuelles anomalies du côlon ou du rectum. Elle consiste, grâce à un appareil souple -appelé endoscope- inséré dans l'anus, à explorer l'appareil digestif, à biopsier (prélèvement d'un fragment de tissu pour l'étudier au microscope) d'éventuelles lésions du côlon, ou parfois de les enlever. Avant de passer au bloc, les patients doivent ingérer un liquide de lavage intestinal afin de vider leurs intestins. La prise de ce comprimé interviendrait à ce même moment.
Photo : illustration d'une coloscopie (Crédit : corbac40/iStock)
Plus de petits polypes détectés
Les chercheurs ont suivi 1205 patients sur le point de subir une coloscopie dans 20 pays différents. Ces derniers ont été répartis en trois groupes : ceux ayant reçu une dose complète de colorant bleu, ceux ayant reçu un placebo et enfin les patients qui ne faisaient pas partie de l'étude, mais qui servaient à "brouiller les pistes" afin que les scientifiques ne puissent savoir quels patients étaient dans le groupe dit "actif".
Résultat : des polypes et des carcinomes ont été retrouvés chez 56,3% des patients ayant ingéré un comprimé de 200mg de bleu de méthylène, et chez 47,8% de ceux qui avaient avalé un placebo. Des lésions plus petites et plus plates (moins de 5 millimètres) ont donc pu être détectées chez certains patients ayant ingéré le comprimé en question. Les chercheurs ont également constaté qu'à l'exception de la coloration des excréments et de l'urine, moins de 6% des patients avaient eu de légers effets secondaires indésirables.
"Une avancée majeure"
Pratiquée en l'état actuel, la coloscopie ne détecte aucune anomalie dans près de la moitié des cas. Dans environ 30 % des cas, elle découvre un polype ou adénome et dans 8 % des cas, un cancer. En somme, la prise de ce comprimé de colorant pourrait affiner la précision de la coloscopie et anticiper d'éventuels risques, à ce jour non visibles.
Photo : illustration d'un polype dans le tube digestif (Crédit : Eraxion/iStock)
"Bien que l'utilisation de colorant bleu pour augmenter la détection de polypes ou adénomes ne soit pas un nouveau concept, le fait que cette technologie soit maintenant sous forme de comprimés est une avancée majeure", se félicite Michael B. Wallace, professeur de médecine, directeur du Digestive Disease Research Program à la Mayo Clinic de Jacksonville, en Floride, et auteur principal de l'étude. "Notre recherche montre que le bleu de méthylène à libération retardée fournit aux gastro-entérologues un nouveau moyen d'améliorer leur diagnostique, sans inconvénient supplémentaire ou risque pour la sécurité du patient."