La République démocratique du Congo (RDC) connait actuellement sa neuvième épidémie de fièvre hémorragique Ebola. 25 personnes sont décédées et une cinquantaine de nouveaux cas ont été détectés, dont un en zone urbaine à Mbandaka (1 million d’habitants), dans le nord-ouest du pays et un autre "à Wangata, l’une des trois zones sanitaires de Mbandaka, une ville de près de 1,2 million d’habitants de la province de l’Equateur, dans le nord-ouest de la RDC", selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Trois foyers de contamination ont été repérés et près de 400 personnes ayant été en contact avec les malades ont été placées en observation.
Face au risque de propagation vers les villes densément peuplées comme la capitale Kinshasa (11, 5 millions d’habitants), les autorités ont donné le feu vert à l’OMS pour expédier les premières doses d'un vaccin expérimental mi-mai. Une course contre la montre s'est déclarée entre les autorités sanitaires du pays et le virus, trois ans après la terrible épidémie qui a fait 11 000 morts en Afrique de l'Ouest. Fort heureusement cette année, la balance semble pencher en faveur des autorités.
Réactivité et efficacité
Des chercheurs africains de l'INRB (Institut national de recherche biomédicale) de Kinshasa et français de l'unité d'infectiologie d'Eric Delaporte, à l'IRD (Institut de recherche pour le développement) ont en effet identifié la souche du virus Ebola apparu à Bikoro début mai.
Comme le détaille Midi Libre, des prélèvements traités sur place par un procédé de biologie moléculaire ont été envoyés à Montpellier par Steeve Ahuka, responsable du laboratoire de virologie de Kinshasa et le doctorant Placide Mbala. Sur place, l'ingénieur de recherche à l'IRD Nicole Vidal et le jeune post-doctorant Julian Villabona-Arenas ont reconditionné les prélèvements et les ont soumis à une technique innovante de séquençage de l'ADN.
Verdict : "La souche de ce virus, dite Ebola Zaïre, est la seule pour laquelle il existe un prototype de vaccin", a indiqué Éric Delaporte. Une excellente nouvelle quand on connait la portée et la force de résistance d'un tel virus. S'il s'était développé davantage dans les grandes métropoles de la RDC, Ebola aurait pu s'étendre dans les pays voisins et bien au-delà. La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Frédérique Vidal a félicité les équipes de Kinshasa et de Montpellier pour cette découverte qui permettra à coup sûr, de sauver des vies.
[????Communiqué] Félicitations aux équipes de @Inserm @ird_fr @umontpellier qui, en lien avec l'INRB de Kinshasa, ont identifié la souche virale de l'épidémie EBOLA. Une étape déterminante pour accélérer la prise en charge et le déploiement de vaccins et de possibles traitements. pic.twitter.com/kub28lwfOr
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) 20 mai 2018
Croyances et sorcellerie
Mais un autre problème subsiste : les croyances des habitants qui deviennent un frein à l’éradication de l’épidémie. "De nombreux villageois sont convaincus que cette épidémie est provoquée par la sorcellerie qui s’abat sur leurs villages […] Pour enrayer sa propagation, il faut expurger de la tête des villageois que la maladie à virus Ebola est un mauvais sort jeté sur les villages", a expliqué le député Bavon N’Sa Mputu Elima, élu de Bikoro, au Parisien. Ces croyances viennent surtout de la pauvreté qui règne encore en République démocratique du Congo. Face à la maladie, beaucoup se tournent alors vers les églises, dans l’espoir d’un miracle… Ce qui ne facilite pas la tâche des équipes médicales.