Comme les autres cancers, le cancer du pancréas résulte de la combinaison de facteurs génétiques, épigénétiques (des modifications biochimiques du génome) et environnementaux, qui provoquent des profils hétérogènes de la maladie. Il existe des cas très contrastés de symptômes, de prédisposition et de réponse aux traitements des patients. Des résultats publiés dans la revue Nature Communication pourraient constituer de nouvelles pistes thérapeutiques contre le cancer du pancréas.
Une "banque" de quelque 200 tumeurs pancréatiques
Juan Iovanna, directeur de recherche à l’Inserm, et ses collègues du Centre de recherche en cancérologie de Marseille ont généré une "banque" de quelque 200 tumeurs pancréatiques humaines vivantes, ainsi que des cellules issues de ces tumeurs.
L'équipe a ensuite conduit sur les tumeurs toute une série d'analyses "omiques", c'est-à-dire à l'échelle de l'ensemble du génome, des modifications dites épigénétiques. Elle a révélé par ce bias deux sous-types principaux de tumeurs. Les spécificités de ces sous-types, identifiées par les chercheurs, pourraient constituer de nouvelles pistes thérapeutiques. Car de fait, ils ont démontré que manipuler l'épigénome des cancers pancréatiques pourrait transformer une tumeur résistante en une tumeur sensible aux traitements, et la guérir.
Moins de 5 % de survie à 5 ans
Avec moins de 5 % de survie à 5 ans, le cancer du pancréas affiche les plus sombres pronostics de tous les cancers. A ce jour, la chirurgie reste le meilleur traitement possible pour les 15 à 20 % de patients dont la tumeur est opérable, avec une espérance de vie de 15 à 18 mois. Au stade de développement métastatique, la durée de vie est alors estimée entre 3 et 6 mois. La chimiothérapie et la radiothérapie ne sont que faiblement efficaces.
Un nouveau test mis au point par des chercheurs de l'UC San Diego promet par ailleurs de détecter la maladie plus en amont. Il permet de dépister rapidement les biomarqueurs du cancer du pancréas dans une simple goutte de sang. "Nous envisageons qu'à l'avenir, les médecins pourraient effectuer ce type de test pour dépister les patients qui ne savent pas encore qu'ils sont atteints de la maladie", se félicite le scientifique Jean Lewis, auteur principal de l’étude.
Ici, l’équipe a mis au point un procédé électronique qui permet d’extraire les exosomes (véhicules de transport et d'expulsion de composants cellulaires) directement du sang, sans que celui-ci ne soit traité, comme c’est le cas actuellement. "L’intérêt est de pouvoir analyser les exosomes sur place et voir s'ils sont porteurs des biomarqueurs du cancer que le professionnel de santé recherche", explique encore Jean Lewis.