Depuis 1975, le nombre de personnes obèses a quasiment été multiplié par trois, selon l'Organisation mondiale de la santé. En 2016, 13% des adultes dans le monde étaient obèses, 39% étaient en surpoids. En France, plus de 7 millions de patients sont touchés par cette pathologie, soit 15% de la population adulte ayant un indice de masse corporel (IMC) supérieur à 30. Parmi eux, 550 000 sont atteint d’obésité sévère ou morbide (IMC supérieur à 40).
Chaque année, le nombre de cas augmente à travers le monde. Une nouvelle étude renforce les inquiétudes quant à la progression de la maladie. D’après des chercheurs danois et britanniques, 22% de la population mondiale pourrait être obèse en 2045 si la situation ne change pas. Dans certains pays, ce taux pourrait être largement supérieur.
Présentée lors du Congrès européen sur l’obésité à Vienne en Autriche, cette étude souligne que les disparités entre pays continueront d’exister. Par exemple, aujourd’hui aux Etats-Unis, 39% de la population est obèse. En 2045, ce taux pourrait grimper à 55% de la population. La part des personnes obèses dans la population au Royaume-Uni s’approchera également de ce chiffre (48%). Aujourd’hui, une personne sur trois qui est concernée.
"Chaque pays est différent, du point de vue génétique, social et environnemental, c’est pourquoi il n’y a pas de recette unique. Chaque pays doit privilégier la stratégie qui lui correspond le mieux", a expliqué le docteur Moses. Selon une étude américaine publiée en 2017, la proportion de la population obèse n'a cessé d'augmenter dans le monde depuis 1980 et a doublé dans 73 pays.
"Le coût pour les systèmes de santé sera énorme"
Les scientifiques ont également constaté que le diabète de type 2 va lui aussi augmenter. Aujourd’hui, il concerne 9% de la population mondiale, mais en 2045, 12% de la population mondiale pourrait être touchée. Une étude publiée en décembre dernier montrait que perdre du poids peut soigner ce type de diabète. 57% des personnes ayant perdu entre 10 et 15 kilos n’avaient plus de diabète à la fin de l’étude.
Obésité et diabète de type 2 sont liés : 80% des diabétiques de type 2 sont obèses. Selon le docteur Moses, "le coût pour les systèmes de santé sera énorme". Pour les chercheurs à l’origine de cette recherche, il est possible d’inverser la tendance, mais seules des politiques volontaristes et coordonnées entre les Etats pourront y parvenir.
Les causes et les risques de l'obésité
Pour quantifier l'obésité, les médecins utilisent une mesure simple appelée indice de masse corporelle (IMC). Ses résultats sont fiables lorsque le/la patient(e) n'est pas trop musclé(e), enceinte ou en phase d'allaitement. Globalement, l’obésité est souvent liée à une alimentation trop riche et à une activité physique trop faible, voire inexistante.
La maladie peut aussi être due à des troubles psychologiques ou des facteurs génétiques. Dans certaines familles, plusieurs membres peuvent être touchés alors que leur alimentation n'est pas excessive, certaines anomalies génétiques étant responsables de la diminution des dépenses énergétiques. D'autres facteurs peuvent contribuer à la prise de poids : l'arrêt d'un tabagisme, une consommation excessive d'alcool, des troubles du sommeil (se coucher tard) et la période de la ménopause.
L'obésité expose les patients à des complications cardiovasculaires : hypertension artérielle, maladie coronaire, accident vasculaire cérébral. Ils sont aussi à risque plus élevé de cancer, principalement du côlon et du sein. Moins connus, il faut y ajouter les problèmes articulaires. Les articulations qui portent le poids du corps sont évidemment celles qui souffrent le plus : hanches, genoux et chevilles s'usent avec les années et sont souvent gagnés par l'arthrose en cas de kilos en excès.
Les souffrances psychologiques liées à l'obésité
Mais les risques ne sont pas que physiques. L'obésité expose également les patients à de la discrimination et de fait, à l'exclusion sociale, au repli sur soi et à la dépression. Souvent dans l'inconscient collectif, l’obésité reste "un choix de vie", celui de personnes ne prenant ni soin d’elles, ni de leur santé, incapables de réfréner leur appétit et manquant de volonté pour perdre du poids.
Ces préjugés et idées fausses ont un nom : la grossophobie. Elle est visible partout : dans le regard de ceux qui ne sont pas obèses, mais aussi dans le milieu médical ou encore au travail. Selon une étude menée par le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du Travail (OIT), les femmes obèses seraient huit fois plus discriminées à l’embauche à cause de leur apparence physique et les hommes trois fois plus.