Il s’agit d’un fait établi depuis longtemps : le cerveau de l’Homo sapiens a plus que triplé depuis la période des Australopithèques il y a 4 millions d’années. Mais pourquoi ? Le cerveau de nos ancêtres s'est-il développé au gré de ses besoins, afin de maîtriser leur environnement et de survivre ? Ou est-ce au contraire, parce que leur cerveau a évolué qu’ils ont pu mettre en place des relations sociales et culturelles plus développées ? Depuis des décennies, les chercheurs avancent des thèses plus différentes les unes que les autres.
Une nouvelle étude britannique publiée le 23 mai dans la revue scientifique Nature pourrait enfin permettre de trancher. D’après elle, l’augmentation de la taille du cerveau humain serait principalement due aux difficultés environnementales rencontrées au fil du temps. Pour en arriver à cette conclusion, Mauricio Gonzalez-Forero et Andy Gardner, de l'université de St Andrews (Royaume-Uni) ont simulé l’évolution du cerveau dans différentes situations : écologiques, sociales ou de conflits entre les individus. Résultat : "Nous avons constaté que le cerveau de l'homme augmente quand ce dernier est confronté à des problèmes dus à son milieu naturel", explique Mauricio Gonzalez-Forero.
Devant constamment trouver des solutions pour se nourrir dans la savane "où l’environnement change de façon saisonnière", pour stocker l'eau, conserver et transformer la nourriture en parvenant à la maîtrise du feu, l’homme n’a eu d’autre choix que de s’adapter à son environnement et trouver des solutions.
Une étude qui arbitre les différentes thèses
En évaluant les différents facteurs ayant causé la croissance du cerveau en fonction de l’énergie dépensée par celui-ci pour répondre à chacun des défis, cette étude arbitre donc aujourd’hui le débat entre les défendeurs de la thèse écologique, ceux de la thèse sociale et ceux de la thèse culturelle.
"L'évolution de la modélisation de cette manière peut apporter des prédictions précises de la taille du cerveau qui ne peuvent pas être facilement falsifiées" , explique ainsi Richard McElreath, du département comportement humain, écologie et culture de l'institut Max Planck d'anthropologie évolutionnaire, dans un commentaire associé à l’étude. Et de détailler : "Lorsque les résultats du modèle ne correspondent pas aux tailles de cerveau observées, les hypothèses biologiques peuvent être étudiées pour voir pourquoi le modèle n'a pas marché".
60% dus à l'environnement, 30% dus aux interactions sociales
Mais si l’environnement aurait influé à hauteur de 60% dans l’évolution du cerveau humain, celle-ci serait également due (30%) à des facteurs sociaux, soit à la coopération nécessaire à la survie. Il semblerait en effet que cette coopération entre individus ait été bien plus bénéfique aux Homo sapiens que les tensions entre homnidés puisque ces dernières n’auraient influé qu’à 10%.
En effet, les conflits entre humains appartenant au même groupe ne seraient "pas importants" dans l’évolution du cerveau, d’après l’étude. Conclusion, qui devrait enfin rassembler tout le monde : les "résultats suggèrent que c'est l'intéraction entre les difficiles conditions environnementales et la culture qui a déterminé la taille du cerveau humain".