16 millions de personnes meurent chaque année du cancer du poumon. Cette maladie est l’une des plus étudiées au monde et une nouvelle recherche pourrait bien changer la donne. D’après une publication parue mercredi 23 mai dans EbioMedicine Journal, des scientifiques grecs et norvégiens ont réussi à mettre au point un système révolutionnaire pour identifier les patients à risque.
Car si la méthode du CT scan (computed tomography scan), technique d’imagerie médicale consistant à produire des images en coupes fines du corps à l’aide des rayons X, est déjà pratiquée aux Etats-Unis, elle fait débat de par son coût et sa potentielle dangerosité. C’est pourquoi, Oluf Dimitri Røe, oncologiste au Département d’Oncologie de l’hôpital Levanger en Norvège a voulu mettre au point un autre modèle permettant de diagnostiquer les patients susceptibles de développer un cancer du poumon.
Pour ce faire, ses collègues et lui se sont penchés sur une étude réalisée par l’Institut Nord-Trøndelag Health Study à partir de 1995. Cette dernière avait soumis 65 000 Norvégiens âgés de 20 à 100 ans à des questionnaires très précis et les avaient suivis pendant 16 ans.
Un modèle qui aboutit à 88% de bonnes réponses
Au bout de trois ans d’analyses, les chercheurs sont arrivés à la conclusion suivante : 94% des patients souffrant du cancer du poumon étaient fumeurs ou anciens fumeurs. Quant au 6% restants, impossible de comprendre pourquoi ils étaient tombés malades. Par ailleurs, deux faits inquiétants sont ressortis de ces travaux : 21% des malades avaient moins de 55 ans à l’époque de l’étude et 36% d’entre eux avaient fumé moins de 20 cigarettes par jour pendant moins de 20 ans.
Forts de ces résultats, les chercheurs ont abouti à un modèle nommé UNT Lung Cancer Risk Model capable de calculer le risque de développer un cancer du poumon pour chacun.
Parmi les sept facteurs de risques pris en compte par ce modèle, cinq sont déjà bien connus. Il s’agit de la vieillesse, du nombre de paquets fumés par an, du nombre de cigarettes par jour (quelques cigarettes par jour pendant de nombreuses années sont moins nocives que beaucoup par jour pendant peu de temps), du temps depuis lequel le patient a arrêté de fumer et de son indice de masse corporelle (plus l’IMC est faible, plus il a de risque de tomber malade). Les deux nouveaux facteurs étant une toux quotidienne et combien d’heures par jours le patient a été exposé à de la fumée en intérieur.
Pour tester la fiabilité de leur modèle, les chercheurs ont ensuite demandé à 45 000 personnes qui avaient déjà répondu aux questionnaires précédemment analysés d’utiliser cette technique pour prédire qui développerait un cancer en premier. Ils ont alors obtenu 88% de "bonnes réponses".
Les jeunes et ceux qui ont arrêté de fumer il y a plusieurs années également à risque
Ainsi, "cette méthode peut réduire le nombre de personnes exposées aux radiations du CT scan et maximiser l’identification de personnes à risque réel", explique Oluf Dimitri Røe. "C’est également le premier modèle qui peut prédire correctement le risque de cancer du poumon pour les petits fumeurs, les gens plus jeunes et ceux qui ont arrêté de fumer il y a plusieurs années", se félicite-t-il encore.
Afin d’aller encore plus loin dans le diagnostic précoce du cancer du poumon, les chercheurs essayent aujourd’hui de développer un test sanguin en complément de ce nouveau modèle.