Parce qu’un malheur n’arrive jamais seul, l’eczéma atopique grave chez l'adulte est associé à un risque de problèmes cardiovasculaires, y compris de crises cardiaques et d'accidents vasculaires cérébrales (AVC), selon une étude britannique publiée ce jeudi dans le BMJ. Les chercheurs évoquent aussi la fibrillation auriculaire (irrégularité du rythme cardiaque).
70% plus de risque d’avoir une insuffisance cardiaque
Il s'agit de la plus grande étude jamais réalisée pour évaluer l'association entre l'eczéma atopique et les événements cardiovasculaires majeurs.
385 000 adultes (âge moyen de 43 ans) atteints d'eczéma atopique ont participé à l’étude. Les patients ont été classés comme souffrant d'eczéma atopique léger, modéré ou grave, puis ont été suivis pendant cinq ans. En les comparant avec l’évolution d’individus du même âge et du même sexe sans eczéma atopique, l’équipe a ainsi pu constater que les patients atteints d’eczéma atomique grave avaient :
- 20% plus de risque de faire un AVC ;
- 40% à 50% plus de risque de faire un infarctus du myocarde et/ou de la fibrillation auriculaire.
- 70% plus de risque d’avoir une insuffisance cardiaque.
Clarifier les preuves
Plus l’eczéma était grave, plus les risques de maladies cardiovasculaires étaient élevés. Les chercheurs ont bien entendu tenu compte des facteurs de risque cardiovasculaire connus, comme le poids (IMC), le tabagisme et la consommation d’alcool. "Il faudrait envisager de cibler les stratégies de prévention cardiovasculaire parmi les patients atteints d'eczéma grave", concluent-ils.
Pour John Ingram, dermatologue consultant à l'Université de Cardiff, ces résultats concluants aident à clarifier les preuves jusqu’ici contradictoires d’une association entre l'eczéma atopique et le risque de maladies cardiovasculaires.
L’étude de référence (ISAAC, International Study of Asthma and Allergies in Childhood) sur l’eczéma atopique estime à 8-9% la prévalence de cette maladie chez les enfants de 6-7 ans, et à 10% chez les enfants de 13-14 ans. Dans les pays européens, les études par questionnaire aboutissent à des prévalences variant de 7 à 28%, les études par examen médical de 6 à 16%. Cette affection inflammatoire courante touche jusqu’à 10% des adultes.