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Prévention cardiovasculaire

Statines : l’Académie de médecine fait le point sur la polémique

L’Académie de médecine vient de publier un rapport sur l’utilisation des statines dans la prévention des maladies cardiovasculaires, et la crise de confiance liée à ce médicament pourtant efficace.

Statines : l’Académie de médecine fait le point sur la polémique rogerashford / iStock




L’Académie de médecine aimerait siffler la fin de la récré. Médicaments controversés s’il en est, les statines font l’objet de la méfiance du grand public depuis quelques années, à la suite de critiques émises au sein même de la communauté médicale. Avec la publication d’un rapport intitulé Efficacité et effets indésirables des statines : évidences et polémiques, les sages de la rue Bonaparte ont souhaité faire le point sur l’efficacité de ces médicaments anticholestérol, et couper court à dix ans de polémique.

Le cholestérol existe dans le sang sous deux formes : le HDL-cholestérol (dit « bon » cholestérol) et le LDL-cholestérol (« mauvais » cholestérol). Présent en excès, le « mauvais » cholestérol s’avère dangereux sur le long terme : il gène la circulation du sang dans les artères (plaques d’athérosclérose), favorise la formation de caillots et la survenue d’accidents cardiovasculaires. Les statines ont pour fonction de diminuer le taux de LDL-cholestérol.

Mais le rapport risque-bénéfices des statines a été mis en doute, au regard notamment de leurs effets musculaires. Chez 5 à 10 % des patients, les statines provoquent des atteintes musculaires souvent bénignes, mais qui peuvent parfois justifier parfois l’arrêt du traitement. En 2013, le Pr Philippe Even avait publié un livre très critique sur les statines, estimant que le jeu n’en valait pas la chandelle. Le début d’une polémique qui n’en finit pas de rebondir.

Une polémique exagérée

« Cette défiance croissante a permis l’émergence sur la scène publique, et notamment dans les médias de masse (télévisions, radios, presse), de nombreux acteurs qui – en dépit de leur absence d’expertise avérée dans les champs concernés – se caractérisent généralement par des prises de positions radicales ou polémiques sur la plupart des questions de santé », dénoncent les auteurs du rapport. « Enfin, il faut souligner que les réseaux numériques et les médias sociaux ont joué un rôle majeur dans la multiplication de ces controverses dans l’espace public. »

Sur le fond, le rapport s’applique à distinguer, en fonction des études récentes parues sur le sujet, les situations où la prescription de statines se justifie. C’est le cas, sans aucune ambiguïté, en prévention secondaire, c’est-à-dire pour prévenir une récidive chez les patients ayant déjà eu un AVC ou un infarctus. Dans cette situation, le bénéfice des statines « est très important et sans commune mesure par rapport aux effets secondaires rapportés », tranche l’Académie.

Efficace dans le risque élevé

En prévention primaire, la situation est plus contrastée mais reste assez claire. Chez les patients à haut risque ou à très haut risque, les statines sont « indispensables » et leur bénéfice « majeur », indiquent les auteurs, se fondant sur de grandes études internationales publiées en 2016 et 2017. L’intérêt des statines n’est en revanche pas évident dans le faible risque, et doit être évalué au cas pour cas dans le risque intermédiaire.

Le risque cardiovasculaire dépend de nombreux facteurs – âge, poids, diabète, taux de cholestérol, antécédents, tabagisme, pression artérielle. Il est évalué par le cardiologue préalablement à toute prise en charge. En tout état de cause il importe de ne jamais arrêter les statines de sa propre initiative. « L’interruption intempestive du traitement peut avoir des effets désastreux », soulignent les auteurs du rapport.

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