C’est un peu l’Ebola sud-asiatique. Le virus Nipah a émergé de nouveau en Inde, provoquant un vent d’inquiétude dans l’état côtier du Kerala, à la pointe de la péninsule, et sans doute dans l’état limitrophe du Karnataka. Selon la quotidien The Hindu, le virus a déjà fait 13 victimes en deux ou trois semaines, dont une infirmière de 31 ans qui soignait des patients infectés. Plusieurs dizaines de personnes présentant des symptômes d’infection ont été hospitalisées.
Peu connu sous nos latitudes, Nipah est pourtant un sujet d’inquiétude important. Selon les cas, le virus peut tuer entre 40 et 75 % des personnes infectées, à l’issue d’une progression en 24 ou 48 heures après les premiers symptômes. La maladie est caractérisée par de la fièvre, des migraines, des vomissements – signes d’une encéphalopathie parfois compliquée d’atteintes pulmonaires. Les patients qui survivent peuvent conserver des séquelles neurologiques.
Aucun traitement ni vaccin n’est connu à ce jour pour Nipah. En temps normal, la manipulation du virus se fait uniquement dans des laboratoires P4, à la sécurité maximale.
Un virus issu de la chauve-souris
Comme de nombreuses infections émergentes, Nipah est issu de la déforestation, qui met à jour des pathogènes jusque-là inconnus. La première épidémie a été recensée en 1998 en Malaisie, dans le village de Sungai Nipah qui a donné son nom au virus. En un an, l’épidémie avait infecté 300 personnes et fait une centaine de victimes.
Nipah a pour réservoir naturel une grande chauve-souris frugivore appelée Pteropus. Nomade, elle peut voyager sur plus de 600 km, disséminant le virus sur de longues distances. En général, la contamination se fait par l’intermédiaire du porc d’élevage, mais ce n’est pas systématique. La dernière épidémie, recensée entre 2001 et 2007 au Bangladesh, a débuté du fait de la consommation de jus de dattier contaminé par des déjections de chauve-souris.
Origine encore inconnue
Dans le Kerala, l’origine de la flambée épidémique demeure mystérieuse. Les premiers rapports incriminaient le puits de la première famille touchée, dans le district de Kozhikode, possiblement contaminé par des chauves-souris. Mais les analyses sur la faune environnante ont exclu cette piste.
Les investigations continuent pour identifier la contamination initiale. Une hypothèse, relayée par les médias locaux, évoque la Malaisie, où un des membres de la famille aurait voyagé peu avant son décès.
En attendant, les autorités indiennes s'appliquent à rassurer la population locale. « La situation est sous contrôle et le gouvernement fédéral s’emploie à surveiller la situation de façon proactive », assurait jeudi le National Disaster Management Authority, l’organisme indien en charge de la gestion des catastrophes naturelles.