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Polémique

Pourquoi les médicaments anti-Alzheimer vont-ils être déremboursés ?

La ministre de la Santé Agnès Buzyn devrait annoncer sous peu l’arrêt du remboursement par la Sécurité sociale des médicaments anti-Alzheimer. Explications. 

Pourquoi les médicaments anti-Alzheimer vont-ils être déremboursés ? Bobboz / stock




Selon une information de Libération, la ministre de la Santé doit annoncer sous peu l’arrêt du remboursement par la Sécurité sociale des médicaments anti-Alzheimer. Pour trancher la polémique qui entoure cette médication depuis des années, Agnès Buzyn s’est appuyée sur la Haute Autorité de Santé (HAS).

Effets indésirables parfois graves

La Commission de la transparence de la HAS a réévalué les quatre médicaments utilisés dans le traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer : Ebixa (Lundbeck), Aricept (Eisai), Exelon (Novartis Pharma) et Reminyl (Janssen Cilag). Elle a estimé que le service médical rendu de ces médicaments et de leurs génériques était insuffisant, détaillant qu'aucune donnée n’est disponible à moyen ou à long terme, que les effets sur les troubles du comportement, la qualité de vie, le délai d’entrée en institution, la mortalité ne sont pas établis. Que les données accumulées depuis la commercialisation des médicaments confirment le risque de survenue d’effets indésirables parfois graves (syncopes, réactions cutanées sévères…) et/ou de nature à altérer la qualité de vie des patients (troubles digestifs, cardiovasculaires, neuropsychiatriques…). Que la population visée est souvent polypathologique et polymédiquée, les risques d’interactions médicamenteuses et d’effets indésirables graves sont donc accrus. Et qu'ucun bénéfice chez les aidants n’a été établi.

"Iniquité entre les familles"

"Cela va créer une iniquité entre les familles qui auront les moyens de payer ces médicaments et les autres", explique à La Croix Benoît Durand, directeur général de l’association France Alzheimer. "Bien utilisés, ces médicaments avaient une certaine utilité. On avait de bons retours des patients et des familles", assure encore le professeur Philippe Amouyel (CHRU de Lille), directeur général de la Fondation Plan Alzheimer. 

En réponse à ces critiques, la HAS vient de publier un guide sur un "parcours de soin et d’accompagnement adapté" pour les malades d’Alzheimer. "Il est quand même étrange de considérer que le seul signifiant d’une consultation médicale est le médicament, expliquait le docteur Claude Leicherà La Croix en avril 2017. Ce qui est bénéfique pour les patients, c’est d’abord de répondre à leur souhait de rester à domicile où ils ont tous leurs repères, avec un maintien de relations sociales et amicales. Certes, cela ne permet pas de guérir la maladie, mais cela ralentit l’évolution des troubles cognitifs."

Accumulation de la protéine bêta-amyloïde

Aujourd’hui en France, plus de 850 000 personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée. Ce sont majoritairement des personnes âgées de plus de 75 ans, même si on dénombre aussi près de 35 000 personnes atteintes avant l’âge de 65 ans. A ce jour, il n’existe pas de traitement permettant de guérir ces maladies, qui évoluent sur plusieurs années avant de conduire à une perte d’autonomie totale.

Une nouvelle étude a récemment démontré que la maladie d’Alzheimer s'installait chez les patients beaucoup plus tôt que ce que l'on pensait. L'accumulation de la protéine bêta-amyloïde commence très lentement, des années avant que les biomarqueurs ne deviennent anormaux. 

La protéine bêta-amyloïde est le composant principal des plaques amyloïdes, un agrégat protéique que l'on retrouve dans les neurones de personnes développant certaines maladies neurodégénératives, dont la maladie d’Alzheimer. Le présence de plaques amyloïdes diminuerait notamment la communication entre les neurones.

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