Le corps humain n’a pas encore livré tous ses secrets, loin de là. Une nouvelle étude, menée par l'Université de l’Alberta, vient de nous le rappeler. Les chercheurs se sont penchés sur un mal mystérieux, qui frappe de plus en plus les femmes que les hommes : le MINOCA, aussi appelé "infarctus du myocarde avec artères coronaires non obstructives".
50% des victimes de MINOCA étaient des femmes
Normalement, l’infarctus du myocarde survient lors de l’occlusion prolongée de l'une des artères coronaires (artères apportant du sang oxygéné aux parois du cœur), avec comme conséquence une destruction du muscle cardiaque.
Après avoir suivi plus de 36 000 patients sur 12 ans, les scientifiques ont constaté que cette nouvelle catégorie de crise cardiaque avait touché 6% d’entre eux, et que ces victimes de MINOCA avaient deux fois plus de chances d'être des femmes. Ils ont également constaté qu’un an après avoir fait un infarctus du myocarde avec artères coronaires non obstructives, 5% des malades ont eu une autre crise cardiaque, souvent mortelle.
"Historiquement, le MINOCA a été considéré comme une affection bénigne, et les patients sont souvent renvoyés chez eux sans aucun traitement ou conseil en matière de mode de vie, déplore le cardiologue Kevin Bainey. Or, non seulement nous avons constaté que le pronostic ne fait qu'empirer avec le temps, mais il est avéré qu’après cinq ans, 11% des patients ayant fait un MINOCA sont susceptibles de mourir ou d'avoir une deuxième crise cardiaque, comparativement à 16% des patients cardiaques dont les artères étaient bloquées", analyse-t-il.
Médicaments appropriés
Les chercheurs ne savent pas pourquoi les femmes sont plus touchées que les hommes.
Leur étude, publiée dans l'International Journal of Cardiology, démontre aussi que seulement 40% des patients victimes d’un MINOCA reçoivent des médicaments appropriés - par exemple, des hypocholestérolémiants - qui pourraient réduire le risque d'une deuxième crise cardiaque et/ou d'un décès. Les médecins devraient également inciter les malades à manger plus sainement et à faire de l’exercice.
Les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité dans les pays industrialisés. En France, 120 000 personnes sont atteintes chaque année d’un infarctus du myocarde : 10 % en décèdent dans les heures qui suivent et 15 % environ dans l’année qui suit.