Mise au point au début des années 1990 par une équipe de chercheurs français, la stimulation cérébrale profonde a aidé, depuis 25 ans, de nombreux patients atteints de la maladie de Parkinson. Proposée lorsque les traitements médicamenteux ne permettent plus de contrôler les symptômes moteurs, cette méthode consiste à implanter chirurgicalement des électrodes très fines dans le cerveau profond, le noyau subthalamique, afin d’émettre des impulsions électriques qui corrigent les conséquences cérébrales du manque de dopamine.
La stimulation cérébrale profonde a montré une réelle efficacité en diminuant significativement les tremblements involontaires, ou dyskinésies, que subissaient alors de nombreux patients. Mais la technique peut aussi s’avérer négative, notamment chez les malades présentant des problèmes de mémoire ou d’équilibre, et peut occasionner des effets secondaires indésirables, et notamment des mouvements involontaires.
Un implant cérébral mis au point par des chercheurs du National Institute of Neurological Disorders and Stroke, aux États-Unis, pourrait permettre aux malades ne supportant pas la stimulation cérébrale profonde de bénéficier de ses bienfaits. Un essai clinique encourageant a été publié dans le Journal of Neural Engineering.
Une stimulation plus fine et plus fiable
Dans un essai de faisabilité à court terme, deux patients atteints de la maladie de Parkinson ont reçu un dispositif de stimulation cérébrale profonde, entièrement implanté et adapté au niveau de leur cortex moteur primaire. Ce dispositif diffère de ceux traditionnellement utilisés en stimulation cérébrale profonde car il peut à la fois surveiller et moduler l'activité cérébrale, ce qui affine sa signalisation.
Son électrode envoie des signaux qui sont ensuite analysés dans un programme informatique intégré dans le dispositif. C’est lui qui détermine s’il faut, ou non, stimuler le cerveau. La grande nouveauté est que ce programme est capable de reconnaître un modèle d'activité cérébrale associée à la dyskinésie. Il agit alors comme un guide en adaptant la stimulation à l’activité cérébrale du patient.
Les premiers résultats de l’étude montrent que cette approche adaptative est aussi efficace que la stimulation cérébrale profonde traditionnelle pour contrôler les symptômes de la maladie de Parkinson. Surtout, étant donné que la stimulation cérébrale adaptative profonde ne stimulait pas continuellement le cerveau, le système a permis d'économiser environ 40% de l'énergie de la batterie de l'appareil utilisée pendant la stimulation traditionnelle.
"D'autres conceptions adaptatives de stimulation cérébrale profonde enregistrent l'activité cérébrale d'une zone adjacente à l'endroit où la stimulation se produit, dans les ganglions de la base, qui est sensible à l'interférence du courant de stimulation, explique le Dr Philip Starr, professeur de chirurgie neurologique à Université de Californie de San Francisco, et auteur principal de l'étude. Au lieu de cela, notre appareil reçoit un retour du cortex moteur, loin de la source de stimulation, fournissant un signal plus fiable."
Un espoir pour de nombreux patients
Dans les faits, la stimulation cérébrale profonde traditionnelle ne s’adressait qu'à 5 à 10 % des malades ayant une forme dopaminergique pure. Cette nouvelle technique constitue donc un espoir pour les patients qui ne pouvaient jusqu’ici en bénéficier, au risque de voir leur dyskinésie empirer.
En mettant au point un implant cérébral auto-adaptatif, les chercheurs seront plus à même de déterminer le bon niveau de stimulation pour chaque patient et ainsi limiter les effets secondaires indésirables. Toutefois, reconnaissent les chercheurs, de nombreux tests devront encore être effectués avant une éventuelle mise sur le marché de l’implant. "Ici, nous avons démontré la faisabilité de la stimulation cérébrale profonde adaptative. Nous planifions maintenant des essais plus vastes et à plus long terme pour déterminer l'efficacité de ce système dans la gestion des symptômes des patients atteints de la maladie de Parkinson", a déclaré le Dr Starr.