Les inégalités entre les sexes existent même dans le cancer. Une étude présentée au congrès américain de cancérologie, l’ASCO, à Chicago, révèle une inégalité flagrante entre les hommes et les femmes.
Dans une analyse sur le traitement et le pronostic des cancers de la tête et du cou (cancers ORL), et réalisée dans le plus grand centre de traitement aux USA, les femmes seraient moins bien traitées que les hommes. Si la chirurgie est aussi fréquente chez les femmes que chez les hommes, seulement 35% des femmes ont reçu une chimiothérapie intensive contre 46% des hommes) et ce sous-traitement aboutirait une surmortalité des femmes par rapport aux hommes.
Une étude sur la prise en charge en ville
Il s’agit d’une analyse d’un registre californien des cancers qui a été réalisé en vue de l’amélioration de la prise en charge des cancers dans la "vraie-vie" (par rapport aux études cliniques où les malades sont très sélectionnés). L’analyse a concerné 223 femmes et 661 hommes souffrant d’un cancer ORL, de stade II à IV-B, traité dans une des plus grandes organisations de soins : le Kaiser Permanente Northern California.
En plus d’un sous-traitement manifeste par une chimiothérapie intensive, les chercheurs ont eu la surprise de constater que les femmes bénéficient moins souvent d’une radiothérapie (60%) que les hommes (70%). De plus, au cours d’un suivi médian de 2,9 ans, ce sous-traitement s’associe à un taux de décès par cancer chez les femmes près de 2 fois plus élevé que les hommes.
Plusieurs explications possibles
Pris dans leur ensemble, ces résultats soulèvent la possibilité que les femmes soient réellement moins bien traitées que les hommes, mais les auteurs ont regardé si des particularités liées aux malades ne pouvaient pas expliquer ces différences.
Les cancers de la tête et du cou sont en général plus fréquents chez les hommes que chez les femmes. Il a été recherché si les femmes étaient en moins bonne santé que les hommes, ce qui aurait pu expliquer que les cancérologues renoncent au traitement intensif plus souvent chez elles, mais ce n’est pas le cas. Un autre facteur explicatif peut être la localisation exacte du cancer et il apparaît que les femmes ont moins souvent que les hommes un cancer dans la bouche.
Ceci est important car bon nombre de cancers de la bouche sont provoqués par une infection chronique au papillomavirus (virus HPV). Or, ces cancers répondent généralement mieux au traitement et leur pronostic est meilleur.
Dans cette étude, seulement 22,6% des femmes ont un cancer en rapport avec une infection HPV contre 77,4% des hommes. Pour le cancer de la bouche, seulement 38% des femmes ont un cancer HPV contre 55% des hommes.
Cette étude souligne donc des différences surprenantes de prise en charge entre les hommes et les femmes et les chercheurs poursuivent leurs analyses pour mieux en comprendre les raisons afin de corriger ces inégalités.