Il existe des millions d’applications désormais disponibles, dont des centaines de milliers dans le domaine de la santé. Pourtant, seules trois d'entre elles ont prouvé scientifiquement leur utilité. Parmi elles, celle testée par une équipe française dont le professeur Fabrice Denis, radiothérapeute au Mans. Les résultats qu'il rapporte sont surprenants.
Jean-François Lemoine : Les applications font-elles leur arrivée dans le monde du cancer ?
Fabrice Denis, radiothérapeute au Mans, président de la société des radiothérapeutes oncologues : Absolument. Il y a environ 300 000 applications en santé de disponibles, mais il existe très peu d’applications pour des maladies sévères, cardiologiques ou cancérologiques par exemple. Sur les 300 000, il n’y en a que trois qui ont démontré leur capacité de survie. La nôtre en fait partie.
Jean-François Lemoine : Tout le monde voit à peu près à quoi correspond le mot application. Mais en cancérologie ?
Fabrice Denis : une application en cancérologie, c’est surtout du côté du patient que ça se passe. C’est un programme qui est sur un téléphone. En cliquant dessus, l’application pose des questions au patient. Elle lui demande de faire un point sur son état de santé, son poids, ses douleurs, etc.…
Les données sont envoyées à l’équipe médicale qui surveille le patient. Elle analyse ces résultats, et si jamais ils ne sont pas bons, le médecin est alerté. Il appelle alors le patient, en lui proposant une consultation ou un scanner, dans le but de dépister le plus rapidement possible une éventuelle récidive.
Jean-François Lemoine : Cette application a-t-elle été développée pour suivre spécifiquement des patients atteints du cancer du poumon ?
Fabrice Denis : Oui, tout a fait.
Jean-François Lemoine : Votre application est-elle aussi efficace qu’un scanner ?
Fabrice Denis : C’est au moins aussi efficace, puisqu’on a mis en lumière une meilleure survie avec ce suivi qu’avec le suivi par scanner.
Quand on est suivi par scanner tous les deux ou trois mois, et qu’on a des symptômes, on a tendance à attendre le scanner qui est prévu dans un mois - ce qu’il ne faut pas faire. Quand on attend deux semaines, trois semaines, six semaines, l’état de santé s’aggrave, et on arrive au scanner trop fatigué pour avoir un traitement qui aurait pu être bien plus efficace s’il avait été prescrit un mois avant.
Avec notre application, on démarre les traitements tout de suite.
Jean-François Lemoine : Comment un patient peut-il obtenir cette application ?
Fabrice Denis : Son médecin lui prescrit. Il l’inscrit dans un fichier qui lui envoie un mail toutes les semaines. En cliquant sur ce mail, le patient a accès à l’application.