C’est un véritable espoir pour les malades atteints de cancer en échec thérapeutique ou de cancers rares pour lesquels aucun traitement n’existe. Le crizotinib, utilisé comme une thérapie ciblée anti-ALK dans le cancer du poumon, serait également efficace dans le traitement d’autres cancers.
Il s'agit du résultat du 2e volet du programme Acsé, un programme d'accès aux thérapeutiques innovantes des cancers mis en place par l'InCa et dont les résultats ont été présentés à Chicago lors du congrès ASCO.
Une molécule efficace pour d'autres cancers
Le crizonitib a obtenu une autorisation de mise sur le marché en 2012 pour soigner les malades souffrant d’un cancer du poumon dont la tumeur présente une altération du gène ALK, une forme agressive de cancer. Cette altération est retrouvée dans d’autres cancers, de même que les altération MET et ROS1 qui sont associées et que le crizotinib cible.
Depuis 2013, et à travers le programme AcSé dans son volet crizotinib, les oncologues français ont pu avoir accès à l'analyse moléculaire de leur tumeur grâce aux 28 plateformes hospitalières de séquençage génétique mises en place par l'InCa pour couvrir l'ensemble du territoire. Quand une anomalie ALK ou MET ou ROS1 était découverte sur leur tumeur, quelle qu'elle soit et où qu'elle soit citée, les malades ont pu tester l’efficacité du crizotinib dans le cadre de ce programme. 246 patients, atteints de 22 cancers différents, ont participé à ce volet crizotinib.
VIDEO ???? Prof. Gilles Vassal @GustaveRoussy explains the AcSé crizotinib Program, presented at #ASCO18#PrecisionMedicine https://t.co/gENRPgkR7d@Institut_cancer @GroupeUNICANCER @FondationARC pic.twitter.com/t9znKwkkm1
— GustaveRoussy (@GustaveRoussy) June 1, 2018
Des résultats très intéressants
Le professeur Gilles Vassal est oncologue et dirige la recherche clinique à Gustave Roussy, à Villejuif, le premier centre de lutte contre le cancer en Europe. Dans une interview réalisée au congrès de l'ASCO par les équipes de Pourquoi Docteur et Fréquence Médicale, il explique : "Grâce à ce programme, il a été possible de donner ce médicament à 246 malades qui n'avaient pas de cancer du poumon, mais qui avaient d'autre cancers porteurs de l'anomalie ALK, ROS1 ou MET. Deuxième élément de satisfaction, le séquençage génétique a pu être réalisé de façon efficiente sur tout le territoire grâce aux plateformes mises en place par l'InCa, garantissant ainsi un accès égal à tous. Enfin, les taux de réponses obtenus ont été importants pour certains cancers gastriques et majeurs pour des lymphomes anaplasiques de l’enfant. C'est une nouvelle ère qui commence pour certains malades."
Efficace aussi sur les enfants
Un des éléments particulièrement important de ce programme est que des enfants ont pu participer au programme AcSé, le plus jeune ayant un an, et c'est une très bonne nouvelle car les cancers de l'enfant sont souvent les parents pauvres de l'oncologie avec très peu de thérapies ciblées et pas d'immunothérapies.
Certains enfants ont même eu une rémission complète alors que, jusqu’ici, les thérapies ciblées étaient étaient réservés uniquement aux adultes. Les scientifiques ont pu aussi comprendre dans quels cas le médicament n’est pas efficace : le cancer colorectal, le cancer de l’ovaire et le glioblastome avec MET amplifié, une anomalie rare.
Acsé est un programme de recherche médicale lancé en juin 2013 par l'Institut National du Cancer, l'InCa, promu par Unicancer et soutenu par la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer. Son objectif est d’étudier l’efficacité de certains traitements contre des cancers ciblés sur d’autres types de cancer. Il concerne des patients qui sont en échec thérapeutique. Deux autres volets du programme AcSé sont en cours et devraient se terminer l’an prochain.