Un sommeil inadéquat est un problème de santé publique touchant plus d'un adulte sur trois dans le monde. En France, 73% de la population dit se réveiller au moins une fois par nuit et près de 60% des personnes avec un enfant affirment ne pas dormir suffisamment. Globalement, les Français ont perdu 1h30 de sommeil ces 50 dernières années, notamment à cause de l'utilisation des écrans : 20% laissent leur smartphone allumé la nuit et 50% d'entre eux sont réveillés par des messages. Pire, 30% y répondent en instantané.
Un problème moderne auquel sont également confrontés d'autres pays : 35% des adultes américains disent ne pas dormir 7 heures par nuit, environ 30% des Canadiens n'ont pas l'impression de dormir suffisamment et quelque 37% des Britanniques et 28% des Singapouriens déclarent manquer de sommeil.
Pourtant, n'en déplaise aux quelque 13% de Français - de 25-45 ans - qui pensent que dormir est une perte de temps, cette pénurie de sommeil est associée à plusieurs maux : problèmes de concentration, confusion, irritabilité, pertes de mémoire, ralentissement ou mauvais traitement de l'information, indifférence, perte d'empathie. Sur le long terme, le sommeil de courte durée augmente même le risque de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral (AVC), d'hypertension, d'obésité, de diabète et de dépression.
Le manque de sommeil, une facture salée
Une nouvelle étude publiée dans la revue SLEEP suggère qu'un sommeil insuffisant pourrait également avoir de graves conséquences économiques. Des chercheurs australiens ont en effet tenté de quantifier les conséquences économiques liées aux temps de sommeil limités plusieurs jours par semaine. Pour ce faire, ils ont évalué les données financières et non financières tirées des enquêtes et des bases de données nationales. Les coûts pris en compte comprenaient : les coûts financiers associés aux soins de santé, les soins informels dispensés en dehors du secteur de la santé, les pertes de productivité, les accidents de voiture, les pertes sèches et les coûts non financiers d'une perte de bien-être.
Et la facture est salée. La composante de ces coûts financiers comprenait : les coûts des soins de santé qui sont de 160 millions de dollars pour les troubles du sommeil et de 1,08 milliard de dollars pour les affections annexes; les pertes de productivité qui s'élèvent à 12,19 milliards de dollars (décès prématurés, absentéisme, chômage...); les coûts d'accidents non médicaux qui coûtent chaque année 2,48 milliards de dollars; les coûts des soins informels qui sont de 0,41 milliard de dollars et une perte sèche de 1,56 milliard de dollars. Le coût non financier de la réduction du bien-être s'élevait elle à 27,33 milliards de dollars. Au total, le coût global estimé du manque de sommeil en Australie en 2016-2017 (pour une population de 24,8 millions) était de 45,21 milliards de dollars. Qu'en déduire pour un pays de 66,9 millions d'habitants comme la France ?
L'éducation des populations
"Nous sommes au milieu d'une épidémie mondiale de manque de sommeil", expliquent les chercheurs, énumérant les troubles du sommeil cliniques, ceux liés à la pression au travail ou familiale et ceux de personnes ne considérant pas le sommeil comme une priorité. "A part son impact sur le bien-être, ce problème a un coût économique énorme, de par ses effets destructeurs sur la santé, la sécurité et la productivité". Selon les chercheurs, ces coûts justifient d'investir dans des mesures de santé préventives pour résoudre le problème par l'éducation et la réglementation.