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Soins de santé

Cancer du rein : un urologue français découvre qu'un médicament est aussi efficace que la chirurgie

Par Anaïs Col

Le professeur Arnaud Méjean du Département d'Urologie de l'Hôpital Georges-Pompidou a découvert que la prise du médicament sunitinib seule était aussi efficace qu'une ablation du rein dans le traitement du cancer du rein avancé. Explications.

HYWARDS /iStock

La prise d'un médicament peut-elle remplacer une opération chirurgicale chez un patient atteint d'un cancer du rein avancé ? C'est ce qu'avance une nouvelle étude française présentée le 3 juin à Chicago, à l'occasion du célèbre Congrès ASCO 2018, qui réunit plus de 40 000 spécialistes du monde entier.

Menée de 2009 à 2017 par le professeur Arnaud Méjean, urologue au Département d'Urologie de l'Hôpital Européen Georges-Pompidou de l'Université Paris Descartes, l’étude Carmena démontre que le sunitinib, qui appartient à la catégorie des "thérapies ciblées", est aussi efficace que la chirurgie dans le traitement du cancer du rein avancé - c'est-à-dire avec métastases.

La chirurgie "ne devrait plus être la norme de soins"

Pour dresser ce constat, le professeur Méjean et son équipe ont suivi 224 patients ayant reçu le sunitinib seul et 226 autres ayant en plus, subi une ablation du rein. Au terme de quatre années, le résultat était clair : les patients ayant reçu le sunitinib seul s'en sortaient aussi bien que les autres et augmentaient même leur chance de survie de quatre mois. A terme, ces travaux amèneront sans doute les médecins à réduire le nombre d'ablations du rein, au profit d'un traitement médicamenteux, lorsque cela est possible. 

"Jusqu'à présent, la néphrectomie (l'ablation du rein, Ndlr) était considérée comme la norme de soins pour les patients atteints d'un cancer du rein avec métastases, lorsqu'il est diagnostiqué pour la première fois. Ces cas représentent environ 20% de tous les cancers du rein dans le monde ", a déclaré le Pr Arnaud Mejean. "Notre étude est la première à mettre en question le besoin de chirurgie à l'ère des thérapies ciblées et montre clairement que la chirurgie pour certaines personnes atteintes d'un cancer du rein ne devrait plus être la norme de soins." Pour autant, la néphrectomie demeure essentielle : lorsqu'il y a "il y a une métastase unique ou si le traitement a diminué la taille des tumeurs, nous continuerons à opérer", précise le professeur.

11 000 nouveaux cas chaque année en France

Le cancer du rein est une tumeur ou une grosseur à l’intérieur du rein. La plupart des tumeurs du rein se développent dans la partie fonctionnelle du rein : le "parenchyme rénal", qui regroupe les unités fonctionnelles rénales. D’autres tumeurs, plus rares, se développent au niveau des voies excrétrices du rein : "bassin, calice". La majorité des tumeurs du rein sont malignes. Le cancer du rein représente ainsi environ 3% de l'ensemble des cancers et touche deux fois plus les hommes que les femmes : principalement des personnes âgées de plus de 50 ans (62 ans en moyenne). Environ 11 000 nouveaux cas sont diagnostiqués en France chaque année et 190 000 à l'échelle mondiale. 

Les facteurs de risque reconnus sont le tabagisme, le surpoids ou l'obésité et le fait d'être traité par dialyse depuis plus de trois ans. Plus précisément, un fumeur a une fois et demi plus de risque de développer un cancer du rein, par rapport à une personne qui n'a jamais fumé. En ce qui concerne les personnes qui ont arrêté de fumer, plusieurs études ont montré que le risque de cancer du rein pour les anciens fumeurs est moins élevé que celui des fumeurs : il diminuerait d'environ 25 à 30%, 10 à 15 ans après l'arrêt.