Le cancer du pancréas est un cancer souvent diagnostiqué tard et son évolutivité est si importante que la chirurgie ne suffit souvent pas à le guérir, même aux stades précoces. Une chimiothérapie et une radiothérapie sont donc mises en route après la chirurgie dans le traitement standard.
Dans une nouvelle étude présentée au congrès 2018 de la Société américaine de cancérologie, l’ASCO, il apparaît que de commencer la chimiothérapie et la radiothérapie avant la chirurgie améliore la survie des malades à 2 ans (42%) par comparaison à la chimio-radiothérapie réalisée après la chirurgie (30%).
Une amélioration de la chirurgie
De plus, la résection chirurgicale a pu être réalisée plus souvent chez les malades qui ont eu la chimio-radiothérapie avant (72%), alors qu’elle n’a pu être faite que dans 62% des cas chez les autres malades. Chez les patients qui ont eu une résection chirurgicale, la tumeur a pu être enlevée complètement plus souvent (selon l’examen microscopique des bords de coupe de la pièce opératoire) si la chimio-radiothérapie est pratiquée avant la chirurgie (63% versus 31%). La tolérance de ce protocole a été bonne et n’a pas retardé la chirurgie.
Un changement des pratiques à venir
L’étude PREOPANC-1 a inclus 246 patients souffrant d’un cancer du pancréas susceptible d’être opéré (cancer "réséquable"). Les malades ont été tirés au sort pour, soit recevoir une partie de la chimio-radiothérapie (gemcitabine et radiothérapie) avant la chirurgie et l’autre après, soit recevoir la totalité après la chirurgie (la dose totale de chimiothérapie est équivalente dans les 2 groupes).
La survie globale médiane est de 17,1 mois dans le groupe chimio-radiothérapie avant contre 13,7 mois si tout est fait après la chirurgie. Surtout, dans le groupe des malades chez qui la chirurgie a pu être complète, la différence de survie est encore plus grande : 42,1 mois versus 16,8 mois.
Des améliorations en perspective
Il s’agit de la première étude comparative qui démontre que le traitement pré-opératoire du cancer du pancréas améliore le pronostic et la survie des malades opérables.
Il reste une marge de progression avec une amélioration de la chimiothérapie pré-opératoire, par exemple en remplaçant la gemcitabine par une chimiothérapie de type FOLFIRINOX, plus efficace, comme cela a été démontré en adjuvant dans une autre étude présentée au congrès : l’étude PRODIVE 24-PA6. Il est également possible de remplacer la radiothérapie usuelle par une radiothérapie stéréotaxique, qui délivre les doses de rayons de façon beaucoup plus précise sur la tumeur et moins sur les tissus environnants.