Évaluer le risque de prématurité sur une simple prise de sang ? C’est la perspective ouverte par une équipe de chercheurs américains et danois, publiée récemment dans la revue Science. Dans une étude pilote, préliminaire mais très prometteuse, ils ont montré que leur test pouvait permettre d'identifier les femmes à risque de naissance prématurée, avec une prise de sang faite deux mois avant l'accouchement.
"Nous avons découvert qu’une poignée de gènes permet de prévoir les femmes à risque de naissance prématurée, résume le Pr Mads Melbye (université de Copenhague), l’un des deux auteurs séniors de l’étude. Je travaille sur les naissances prématurées depuis de nombreuses années, et c’est le premier vrai progrès significatif depuis longtemps", se félicite-t-il.
La méthode repose sur le séquençage de brins d’ARN en circulation dans le sang de la mère, qui trahit l’expression de certains gènes. Les chercheurs avaient montré précédemment que le niveau d’expression des gènes de la mère et du fœtus pouvait varier au cours de la grossesse. Ils ont depuis identifié sept gènes maternels permettant de prédire le risque de prématurité, dont deux exprimés spécifiquement dans le placenta.
Un taux de détection élevé
Pour l’heure, le test a été testé sur seulement quelques dizaines d’échantillons sanguins de femmes enceintes. Mais il a permis de prédire 6 cas de naissance prématurée sur 8 échantillons testés dans une première cohorte dano-américaine et 4 sur 5 dans une seconde, soit un taux de détection de 75 à 80 %. Le taux d’erreurs semble également faible (de 4 à 17 %). Des résultats prometteurs, qu’il faudra valider par une étude randomisée d’ampleur.
Les chercheurs ont aussi montré que leur test permettait de prédire l’âge gestationnel du fœtus, avec une précision analogue (45 %) à la première échographie. Cette avancée pourrait s’avérer très utile pour le suivi de grossesse dans les pays en voie de développement, où l’accès à l’imagerie est problématique.
60 000 naissances par an
A l’heure actuelle, il est très difficile de prédire le risque de prématurité. La prévention repose sur l’identification de certains facteurs de risque (malformations utérines, infections urinaires à répétition, diabète maternel, grossesse multiple…) et la mesure de la dilation du col de l’utérus par échographie. En cas de menace d’accouchement prématuré, des médicaments sont prescrits pour faire cesser les contractions utérines, avec des résultats limités.
Chaque année en France, il naît environ 60 000 enfants prématurés, soit 7 % à 8 % des naissances. La prévention et la prise en charge se sont beaucoup améliorées pour les grands prématurés, nés autour du sixième et du septième mois de grossesse. Chez les très grands prématurés, nés avant le cinquième mois, le devenir de l’enfant reste en revanche très impacté et les séquelles fréquentes (enquête Epipage). Dans la plupart des cas spontanés, on ignore ce qui provoque l’accouchement prématuré.