L’énergie est admirable. La déontologie, moins. Le Dr Windell Boutté, chirurgienne plastique à Atlanta (États-Unis), s’était fait une spécialité de publier des vidéos d’elle-même en train de chanter et danser au bloc opératoire. Adepte de rap et de bistouri, celle qui se décrit sur son site comme une "FEMME CHIRURGIEN" "attentionnée" et "EMPATHIQUE" – et "MEDECIN DE STARS, en toute discrétion" – vient d’être suspendue.
Windell Boutté avait posté une vingtaine de vidéos sur Youtube, dont le tube "Cut it" du rappeur Genasis. Les vidéos ont été retirées, mais il est possible de voir un apperçu dans la vidéo ci-dessous. On y voit la chirurgienne danser et pousser la chansonnette devant des patients anesthésiés, parfois même en maniant le bistouri en cadence. Des vidéos qui ne sont pas sans susciter un certain malaise, d’autant qu’elles viennent en toile de fond d’une série d’erreurs médicales suspectes.
Des erreurs médicales à répétition
Le New York Times rapporte ainsi le témoignage d’une patiente, figurante involontaire d’une de ces vidéos. Venue pour un fessier "un peu plus compact et rebondi", elle est repartie avec un fessier asymétrique et une démangeaison persistante du côté gauche. Elle s’apprête à rejoindre au moins neuf autres patients ayant déjà porté plainte contre Windell Boutté, pour des erreurs parfois bien plus tragiques qu’un postérieur renfrogné.
Ainsi, en 2016, une patiente de 54 ans, opérée pour une série de liposuccions avant son mariage, a subi un arrêt cardiaque après huit heures d’intervention, sans doute du fait d’une infection grave. Non équipée pour gérer une telle situation, l’équipe chirurgicale du Dr Bouté a dû appeler les secours en catastrophe. Les urgentistes sont parvenus à réanimer la patiente, mais l’anoxie cérébrale l’a laissée handicapée à vie.
Suspension du droit d’exercer
Devant l’accumulation d’accidents et de plaintes, l’Ordre des médecins de Géorgie a fini par réagir et suspendre l’autorisation d’exercer de la praticienne. Pour la commission, Windell Boutté "a échoué à se conformer aux exigences minimales d’un exercice médical acceptable et conforme aux pratiques en vigueur", pour au moins sept patients. Clap de fin pour la chirurgienne dansante, qui dispose de deux semaines pour faire appel.
La veille de son interdiction d’exercer, la chirurgienne avait tenu à venir se défendre à la télévision américaine, affirmant "n’avoir rien fait de mal". Dans une interview donnée à la chaîne américaine Headline News, elle a déclaré que toutes les vidéos avaient été programmées "en toute sécurité" et avec le consentement des patients. Une affirmation démentie par au moins une patiente, et qui n’a d’évidence pas réussi à convaincre ses pairs.