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Méfiance

Robots sexuels : les scientifiques s'inquiètent de leur impact négatif et addictif

Par Raphaëlle de Tappie

Les fabricants de robots sexuels vantent régulièrement leurs bienfaits thérapeutiques, mais ces arguments ne sont appuyés sur aucune preuve scientifique, met en garde une nouvelle étude s'inquiétant de l'essor de ces machines. 

sundrawalex/iStcok
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"Votre compagne idéale à portée de main". Tel est le slogan de RealBotix, une société vendeuse de robots sexuels. Mais, alors que la robotique explose d’années en années pour bientôt peser 135 milliards de dollars, des scientifiques mettent en garde contre les dangers liés au poupées sexuelles ou "sexbots". Car d’après une étude menée l’Université Saint Georges et le King’s College de Londres parue lundi 4 juin dans le BMJ Sexual & Reproductive Health, elles sont loin d’apporter à leurs utilisateurs les bienfaits thérapeutiques ventés par les fabricant. Ces machines pourraient au contraire alimenter de nombreuses déviances.

Pour en arriver à cette inquiétante conclusion, Chantal Cox-George and Susan Bewley ont identifié les divers arguments ventés par les fabricants et vendeurs de robots sexuels. D’après eux, après avoir goûté au sexe avec la "sexbot" Harmony pour la modique somme de 15000 dollars, les acheteurs ne seraient plus tentés de faire appel à des prostituées. Quant à ceux qui sont incapables d’avoir une vie sexuelle satisfaisante en raison de troubles de l’érection par exemple, ils pourraient enfin trouver le bonheur grâce à cette "compagne idéale" capable de citer du Shakespeare et d’enchaîner toutes les positions du Kamasutra. 

"Rien ne prouve que les besoins intimes seront comblés" 

Pourtant, n’en déplaise aux pro-robots sexuels, toutes ces théories ne sont que des "spéculations", assurent les scientifiques après avoir interrogé divers experts sur le sujet. Concernant les personnes qui peinent à s’épanouir dans leur sexualité, "rien ne prouve que les ‘besoins’ intimes seront comblés : la détresse pourrait même empirer. Alors qu’un humain peut véritablement désirer un robot sexuel, la réciprocité ne peut être reproduite que de façon artificielle", explique Dr Susan Bewley. 

Enfin, Cox-George and Bewley craignent que l’apparence parfaite de ces robots sexuels, qui n’ont ni poils ni gras, faussent la perception des utilisateurs qui auraient ensuite du mal à trouver une vraie personne attirante. "Les robots sexuels sont le plus souvent des filles et n’ont pas de poils. En promouvant des idées biaisées de ce qui rend une personne attirante, cela peut créer des discriminations et affecter la confiance en elles de certaines femmes", s’inquiète l’étude.

"Actuellement, le principe de précaution devrait rejeter l’utilisation médicale de robots sexuels jusqu’à ce que les bénéfices qu’on leur attribue aient été vérifiés de manière empirique", concluent donc la chercheuse à l’intention des médecins qui seront bientôt inévitablement sollicités sur le sujet.    

Matt McMullen, créateur de la poupée Harmony, présente sa création