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Hypertension : découverte d'une nouvelle alternative aux médicaments

Par Mathilde Debry

Dans le traitement de l’hypertension modérée à sévère, la dénervation rénale endovasculaire par ultrasons a fait ses preuves. Explications.

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Alors que des études antérieures indiquent que la dénervation rénale endovasculaire par radiofréquence réduit la pression artérielle chez les patients non traités souffrant d'hypertension modérée, des scientifiques ont voulu savoir si la dénervation rénale endovasculaire par ultrasons pouvait arriver au même résultat.

L'essai "Endovascular ultrasound renal denervation to treat hypertension (RADIANCE-HTN SOLO): a multicentre, international, single-blind, randomised, sham-controlled trial" a été publié dans The Lancet

Hypertension systolique et diastolique combinée

La cohorte était composée de patients français et américains. Les sujets, tous atteints d'hypertension systolique et diastolique combinée, étaient âgés de 18 à 75 ans. Ils pouvaient intégrer l’étude s'ils avaient une tension artérielle ambulatoire supérieure ou égale à 135/85 mmHg et inférieure à 170/105 mmHg après une interruption de quatre semaines de deux médicaments antihypertenseurs maximum.

Entre le 28 mars 2016 et le 28 décembre 2017, 803 patients ont fait l'objet d'un dépistage. 146 patients ont été randomisés pour subir une dénervation rénale ou une intervention simulée. Les patients ne devaient pas prendre d'antihypertenseurs pendant les deux mois de suivi.

Réduction de la pression artérielle systolique ambulatoire

Résultat : la réduction de la pression artérielle systolique était plus importante avec la dénervation qu'avec l'intervention simulée. Plus précisément, la dénervation endovasculaire par ultrasons a permis de faire baisser la pression artérielle de 6,3 mmHg à 8,5 mmHg en moyenne chez des hypertendus modérés à sévères sans traitement médicamenteux conjoint. Aucun effet indésirable majeur n'a été signalé dans les deux groupes.

"Comparativement à une intervention simulée, la dénervation rénale par échographie endovasculaire a réduit la tension artérielle ambulatoire à deux mois chez les patients atteints d'hypertension systolique et diastolique combinée, en l'absence de médicaments", concluent les chercheurs.

La dénervation endovasculaire par ultrasons est une alternative plus douce à la dénervation rénale endovasculaire par radiofréquence, qui ouvre donc la porte à un traitement alternatif aux antihypertenseurs.

Une maladie silencieuse et méconnue

Aujourd’hui, l’hypertension artérielle (HTA) touche 15 millions de personnes en France, soit près d’un adulte sur trois. Selon l'étude Esteban récemment publiée par Santé publique France, 36% des hommes adultes sont aujourd’hui hypertendus, contre 25% des femmes. 60% des personnes âgées de plus de 65 ans souffrent par ailleurs de cette pathologie ; des chiffres qui grimpent à 80% chez les plus de 80 ans.

Des statistiques inquiétantes, surtout quand on sait que de nombreux Français souffrent d’hypertension sans le savoir. Si plus de 84% des personnes ont déclaré à Santé publique France avoir eu une mesure de la pression artérielle dans l’année précédant leur examen de santé, seule 1 sur 2 (55%) avait connaissance de son HTA parmi les personnes hypertendues. Cette proportion était plus importante chez les femmes (62,9%) que chez les hommes (50,1%). Et parmi les personnes hypertendues déclarant avoir connaissance de leur HTA, près de 30% n’étaient pas traitées par un médicament à visée anti-hypertensive.

Facteur de risque majeur de complications cardiovasculaires

L’hypertension artérielle constitue pourtant un facteur de risque majeur de maladies cardiovasculaires (insuffisance coronaire, AVC, insuffisance rénale, insuffisance cardiaque, anévrysme artériel, dissection aortique, arythmie, démence..)…

Les professionnels l’appellent même la "tueuse silencieuse", complète le Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue et présidente de la Fédération française de cardiologie, avant de poursuivre : "la maladie est le plus souvent silencieuse mais peut se manifester par un ensemble de symptômes non spécifiques : fatigue, maux de tête matinaux, vertiges, mouches dans les yeux, bourdonnements d’oreilles, palpitations, troubles de la concentration ou encore sensation de poitrine oppressée sont autant de signes de la maladie.

Ce ne sont pas des symptômes spécifiques, mais ces signes, lorsqu’ils sont associés, doivent alerter et pousser à consulter son médecin traitant ou même son pharmacien, pour faire un test de dépistage. Or, la plupart des gens n’y font pas attention et n’imaginent pas que leurs symptômes soient liés à l’hypertension, ce qui explique que de nombreux hypertendus n’aient pas encore été diagnostiqués".