Autrefois appelée cirrhose graisseuse, la NASH (selon l'acronyme "non alcoholic steatohepatitis" qui signifie "stéatose hépatique non alcoolique") est aujourd'hui communément nommée maladie du soda, en référence à notre surconsommation de boissons industrielles et de malbouffe - l'ère du temps oblige. Silencieuse, la NASH est une pathologie insymptomatique qui détruit insidieusement le foie. Rendue tristement (et brièvement) célèbre lorsque le chroniqueur sportif Pierre Ménès en a été atteint, elle peut entraîner une cirrhose ou un cancer du foie, dont la seule issue demeure la greffe. Maladie des temps modernes, reflet de notre surconsommation d'aliments ultra-transformés, cette intruse est encore méconnue du grand public. Faisons le point en cette Journée internationale de la NASH.
Le foie, ce travailleur de l'ombre
Comme son nom l'indique, la NASH n'est pas le résultat d'une consommation excessive d'alcool, mais d'un alimentation trop grasse et trop sucrée. Elle concerne davantage les personnes obèses (75% de risques) ou en surpoids (30%), mais également les accros aux sodas, à la malbouffe. Au fil du temps, un amas de graisse se forme lentement et silencieusement autour du foie, troublant ainsi son bon fonctionnement. Cette invasion peut durer 10, 20 ou 30 ans sans que le patient ne s'en rende compte et les dégâts sont irréversibles.
Selon le Centre Hépato-Biliaire Paul Brousse, l'une des causes de la NASH est également liée à une résistance à l'insuline. La NASH "est caractérisée par le fait que, chez les patients en surpoids, l'organisme met une grande quantité d'insuline en circulation (hyper-insulinémie) afin de diminuer le taux de sucre dans le sang. Cela peut durer plusieurs années, mais, à un certain moment, la capacité sécrétrice du pancréas s'épuise, le taux d'insuline diminue dans le sang et le taux de glycémie augmente, donnant lieu à un diabète de type 2. De plus, l'hyper-insulinémie perturbe le métabolisme des acides gras intra-hépatiques : ces troubles entraînent une stéatose". L'établissement liste également les facteurs de risque suivants : l'hypertriglycéridémie (supérieure à 1,7mmol/l), l'adiposité centrale (tour de taille supérieur à 88 pour les femmes et supérieur à 102 cm pour les hommes) et un taux d'HDL-cholestérol bas (inférieur à 0,5 g/l pour les femmes et inférieur à 0,4 g/l pour les hommes).
Schématiquement, un foie détruit à 80 % continue à assurer la presque totalité de sa besogne. Mais malade à 81 %, c’est tout le corps qui en pâti, voire qui en meurt. Cet organe est pourtant parmi les plus épatants du corps humain puisqu'il est capable de se régénérer spontanément, ce qui explique pourquoi les médecins peuvent prélever la partie d'un foie sans perturber la fonction hépatique. Chez le donneur, comme chez le receveur, elle deviendra pleinement fonctionnelle en se refermant. Le foie est une véritable usine chimique qui garantit le fonctionnement de tous les autres organes, ce qui justifie le verdict de mort lorsqu’il ne fonctionne plus.
Un à deux millions de Français potentiellement concernés
Difficile de quantifier le nombre de personnes atteintes de la NASH en France. Le Pr Dominique Lannes, auteur du livre "NASH : la maladie de la malbouffe" parle de un à deux millions de personnes. "Les chiffres ne sont pas très précis mais effectivement on estime qu’environ 30% de la population française a la stéatose, c'est-à-dire le "foie gras", expliquait-il en 2017 à LCI. Cela ne veut pas dire que toutes ces personnes arriveront au stade de NASH. Pour avoir une idée très précise du nombre d'individus touchés, il faudrait réaliser une ponction du foie à tous les Français et l’examiner, donc c’est compliqué. A l’échelon de la France, cela représente quand même 1 à 2 millions de personnes potentiellement concernées par la NASH".
Pour guérir de la NASH, aucune recette miracle. Lorsque le foie est détérioré, la greffe reste la seule option. Environ 1300 transplantations de foie sont réalisées chaque année en France. Bien peu face à l'épidémie moderne de NASH. "Les transplantations dues à l’hépatite B ou C devraient diminuer considérablement dans les prochains mois en raison de traitements très actifs désormais. La stéatose concerne 30% de la population, dont 10% d'entre eux ont la NASH. De fait, les donneurs de foies décédés n'ont pas forcément des organes en bon état, ce qui peut poser problème pour une transplantation. S’il y a une augmentation des transplantations, on va, c’est certain, vers des problèmes de pénurie d’organes", s'inquiète le Pr Dominique Lannes.
Alors pour éviter de malmener son foie de la sorte, une seule solution : rééquilibrer son alimentation. Mangez moins gras, moins sucré. Evitez les sodas et autres boissons industrielles. Diminuez les portions, privilégiez les fibres végétales - les fruits lors des fringales. Pratiquez une activité physique régulière. En gros : mangez, bougez !